EROS says: "Love isn't a losing game"

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Nom : // Prénom : Ἔρως Nom d'emprunt : Eros ZACHARIAS Date de naissance : Il y a à peu près 3572 ans, un matin sans doute. On avait pas encore inventé le calendrier à l'époque vous savez. Lieu de naissance : quelque part en Grèce. Situation/Emploi: Dieu de l'Amour/ Gérant de la compagnie Aeternam Corp Avatar : Joseph Gordon Levitt. Pseudo : Lee Commentaires : We rock!

© ZIGSDEBOREEDA; SORISO

« Eros? Eros, me diras-tu un jour comment tu arrives à comprendre les femmes?»

Un éclat de rire cristallin vint contraster avec la voix grave et virile d'Héphaïstos. Eros, hilare, regardait son interlocuteur comme s'il venait de lui sortir la plus énorme des inepties.


«Mon bon Héphaïstos, que puis-je répondre à ça? Tu dis que je connais les femmes, mais je ne connais que l'amour!»
«Mais elles sont toutes à tes pieds, tu sais leur plaire, tu ne commets aucun faux pas.»
«Mon pauvre, tu confonds tout. Si tu veux parler de ta propre femme, et je sais que c'est de cela qu'il s'agit, permets-moi de te dire que tu as entre tes mains le joyau le plus explosif de l'olympe. La plus belle et la plus venimeuse. »
«Aide-moi...»

Eros leva les yeux au ciel. Il était courant qu'on vienne lui faire ce genre de requêtes, il était considéré sans doute comme l'ultime encyclopédie des relations hommes/femmes. Sauf que ce que personne ne comprenait, c'était qu'il était incollable sur l'amour, ses effets, ses conséquences et tout le reste. Mais il ne pouvait pas fournir le manuel du parfait mari, et sa capacité à attirer aussi bien les femmes que les hommes le dépassait largement. Tout cela était de l'inné.


«Je ne peux pas te... »
«Tu provoques l'amour chez les mortels, tu les rends fous de désir en une seule flèche et tu oses... »
«CE SONT DES MORTELS! »

Il était très rare de provoquer la colère d'Eros. Sa douceur et son calme étaient reconnus parmi tous les dieux. Mais cette fois, c'était trop. Cela faisait trop longtemps qu'on le prenait pour un entremetteur, qu'on le forçait à régler des conflits auquel il ne pouvait rien. Il ne pouvait agir sur les dieux, c'était défini. C'était un fait que tout le monde connaissait, en particulier Héphaïstos puisqu'il venait sans arrêt se plaindre auprès du dieu de l'amour.


«Ecoute, je ne peux rien pour toi, et tu le sais. J'aimerais pourtant, tu es brave et honnête, elle ne te mérite pas. Mais Aphrodite... Elle est frivole, volage et elle profite de sa beauté, que puis-je faire d'autre que de regarder? »
«Tu devrais avoir honte de tolérer un adultère. »
«Ne me remets pas en colère. Je ne tolère pas. Je suis impuissant. Et elle inspire tellement d'amour... Je suis désolé, mais je ne suis pas pour les mariages arrangés. Elle ne t'a jamais aimé, pauvre fou. L'amour est quelque chose de si... spontané. »
«Tu me dégoutes, Eros. Vas donc jouer ailleurs avec ton arc avant que je ne te … »
«Que tu me quoi? Je suis immortel, souviens-toi. »

Le superbe dieu prit alors la poudre d'escampette, un peu trop agacé par cette discussion stérile. L'olympe était chargé de tension ces derniers temps, et ça n'était pas peu dire. Après l'esclandre d'Eris et de sa pomme d'or, tous les dieux étaient sur le qui-vive. Il allait avoir du pain sur la planche pour réconcilier les humains, pauvres pions qui allaient finir par s'entretuer. Il croisa alors celle qui était définitivement le sujet de toutes les conversations, aussi bien pour cette histoire de Pâris que pour les adultères innombrables qu'elle commettait.


«Eros, mon frère bienveillant, comment te portes-tu? »
«Tu veux bien arrêter un instant, Aphrodite? Je ne suis pas ton frère, et je me porte aussi bien que possible vu les bévues que tu commets ces derniers temps. »
«Oh, cette petite histoire de guerre? Ca n'est rien, tu sais très bien comment ça finit, n'est-ce pas? C'est toujours la même rengaine. »
«Oui, effectivement. C'est toujours un moment pénible avec du sang, de la haine et une victoire de plus pour Eris. C'est ça que tu veux? »
«N'en parlons plus. Que t'a-t'il dit encore? »

Aphrodite désignait de son somptueux menton son mari qui trainait des pieds un peu plus loin. On l'entendait tout de même pester sa rage si fort que même les mortels semblaient en mesure de capter sa sourde voix.


«Toujours la même chose. Il souffre. »
«Je sais, excuse-le. »
«C'est plutôt toi qui devrais t'excuser auprès de lui, tu ne crois pas? »
«Pardon? Oh mais oui, c'est une blague. Tu n'oserais pas me parler comme ça, n'est-ce pas?Après tout, ne suis-je pas ta meilleure messagère? »
«Je ne plaisante pas. Je sais combien tu colportes l'amour, mais je sais aussi le nombre de cœurs que tu brises. »
«Tu me fais tellement rire, Eros. »

Elle se rapprocha alors de lui sans aucune gêne, ni pudeur. Comme si tout ce qu'ils venaient d'échanger n'existait pas. Elle était vraiment de celles dont on ne saurait prévoir le comportement. Et il voyait très bien où elle venait en venir. Son corps à demi découvert venait se coller contre le sien, cherchant un réconfort charnel.


«Tu ne vas pas venir me donner des leçons de fidelité, toi qui cours tel un petit garçon volage. »
«Ca n'est pas de moi qu'il s'agit. »
«Nous aimons la spontanéité. Nous ne perdons pas de temps à défendre des causes perdues d'avance. »

Eros recula alors d'un pas tandis qu'elle approchait dangereusement ses lèvres des siennes. Il était vraiment irrésistible et bien qu'il le savait, il se rendait parfois compte combien ce pouvoir était puissant.


«Il y a des limites à ne pas franchir, Aphrodite. »

Il s'éloigna alors, et s'apprêtait à décocher une flèche lorsqu'il entendit très distinctement dans son dos.


«C'est ça! Va la rejoindre, ta Psyché! On sait tous comment tout cela va se terminer! »

La déesse de la beauté supportait bien mal le rejet...

© LITTLE VALENTINE

Le mois de décembre laissait tomber ses habituels flocons et Vancouver se lovait docilement dans ce manteau blanc et moelleux. Si quelques ronchons ne se privaient pas pour rouspéter, la majorité des habitants de la charmante ville canadienne semblaient enchantés de retrouver leur ambiance hivernale qui laissait Noël se dessiner doucement. Les mères de famille se ruaient avec un plaisir non dissimulés dans les magasins de jouets et les fiancés regardaient discrètement la bague sur laquelle leur chère et tendre lorgnait en silence. Tout le monde, ou presque, paraissaient être d'une humeur excellente. Sauf peut-être cette jeune fille qui sortait d'une énième boutique en soupirant. Il lui paraissait tout bonnement impossible de parvenir à trouver des cadeaux en temps et en heures pour sa famille nombreuse et l'inspiration commençait à lui manquer. Elle s'apprêtait à rentrer chez elle par le biais du métro, persuadée qu'un bon chocolat chaud pourrait résoudre ses problèmes pour au moins une soirée lorsqu'elle s'arrêta net. Ca ne pouvait pas être possible. Pas ici, pas maintenant.

Elle venait de croiser la personne qu'elle aurait aimé le plus au monde oublier. Un amour de lycéenne, un type à la fois totalement banal mais qui pourtant l'avait complètement charmée. Le seul petit problème avait été qu'il ignorait tout de son existence. Comme une stupide adolescente, elle avait bavé devant lui des mois durant avant d'attraper son numéro de portable et de se lancer à l'aveuglette. Inutile de dire ce que ça avait donné. En bref, elle était resté sur le seuil de la porte. Et avait continué à l'idolâtrer une année durant avant de se lasser. Par la suite, ce crétin était sorti avec sa -soit-disant- meilleure amie et autant dire que ça avait été compliqué. Toujours était-il qu'au moins, elle lui avait un peu parlé. Un peu seulement, car l'autre trop jalouse avait coupé les ponts directs. Avant de le plaquer des mois plus tard. Une histoire bête, nulle, idiote qui aujourd'hui la rendait encore triste.

Elle le suivit alors des yeux sans dire un mot, tandis qu'il semblait ne pas l'avoir remarqué. Elle l'observa prendre l'escalator pour sortir de la station et... il se retourna. Plantant son regard bleu dans le sien. Elle fut estomaquée et se retourna avec hâte, pressant affreusement le pas pour fuir le lieu du crime. Une silhouette posée sur un banc lâcha un sourire.

Elle sentit quelque chose. Une main posée sur son épaule, qui la stoppa net. Elle n'aimait pas qu'on la touche comme ça, dans les transports en commun ou dans la rue. C'était trop impudique. En plus, étant donné son état de gêne, elle n'était pas en mesure de remballer l'assaillant d'une réplique bien sentie. Néanmoins, elle se retourna et crut alors que ses jambes allaient fléchir. C'était impossible. Il ne pouvait...


« Salut. »

La politesse impliquait qu'elle réponde. Maintenant, tout de suite. Un simple « bonjour, salut, hey, yo poto! » ou quelque chose dans ce gout-là. Mais elle ne trouva rien à dire. Absolument rien. Comme quand elle l'avait croisé deux ou trois fois dans le train.


« Réponds voyons. Réponds naturellement. »
« Salut. »

Voilà, elle avait fait son maximum. Elle se savait incapable de dire quoique ce soit d'autre, encore moins lancer un sujet de conversation. Elle n'avait qu'une seule envie: s'enfuir à toutes jambes. Mais en même temps, elle restait plantée comme une idiote à le regarder sourire et elle se surprenait à retrouver tous les détails qu'elle avait remarqués des années plus tôt.


« Ca fait vraiment longtemps. Depuis... »
« Oui, depuis. »
« Hum. On a pas vraiment eu l'occasion de parler toi et moi, jamais. »
« Euh... »
« Tu as un truc de prévu dans l'immédiat? »

Elle savait ce qu'elle devait répondre. Il y avait des variantes, mais ce serait forcément quelque chose dans le genre  « Bien sûr, j'ai des copines à rejoindre. Je suis vraiment overbookée! » et lâcher un petit rire de circonstance. Ce qui était évidemment loin de la réalité, qui consistait à prendre une douche avant de nourrir le chat et regarder pour la énième fois Dirty Dancing en pleurant sur la mort de Patrick Swayze.


« Non. Tu n'as rien de prévu, tu le sais. Ne lui mens, ne gâches pas tout alors que ça ressemble à une nouvelle chance. »
« Pas spécialement. »
« On va au chaud alors? »

Quoi? Il l'invitait où là? Son appartement? Il la croyait tellement...


« Un bar. Un bar, jeune fille. »
« D'accord. »

Elle le suivit docilement et une fois son chocolat chaud commandé, elle le regarda tremper ses lèvres dans son latté tandis qu'il faisait la conversation pour deux. Elle ne se souvenait pas l'avoir jamais vu aussi à l'aise. Il fut un temps où il subissait tout ce que ses petites amies lui disaient de faire, et il ne bronchait pas. Ici, loin du lycée, il semblait libre, plus sûr de lui, un peu changé. « Mon dieu qu'il est beau » pensa-t'elle.


« Tu sais, je regrette que ça se soit passé comme ça. »
« Pardon. »
« Oui. J'aimais bien te parler quand j'étais avec Elise. J'aurais aimé qu'on soit... »
« Amis? »
« Oui, peut-être. »
« Peut-être quoi? »
« Peut-être quoi? »

Elle retrouvait là son assurance. Cette voix qui résonnait dans sa tête, cette voix qui n'était pas la sienne lui soufflait les bonnes réponses. Elle avait un peu l'impression de tricher à un examen, mais elle n'en ressentait pas de culpabilité, étrangement.


« Peut-être que tout aurait été différent. »
« Ne commence pas à jouer à ça avec moi. Tu sais combien je me sens... »
« Ridicule? »

Ah non hein, il n'allait pas commencer à finir ses phrases!


« Tu ne devrais pas. »
« Si, c'était totalement stupide de ma part. On ne se connaissait même pas. »
« Tu sais, là maintenant, on se connait pas plus. »
« Oui, mais c'est différent. Ca n'est pas la même situation. On est tous les deux... »

Elle ne trouva rien à dire d'autre. Il venait de l'embrasser. Et elle n'eut pas le cœur de lui demander d'arrêter, bien sûr.



La silhouette des deux futurs amoureux se glissa hors du bar. L'homme assis près de la fenêtre termina tranquillement son cappuccino sans se presser, suivant des yeux sa belle réussite. Apparemment, les deux jeunes gens allaient passer la soirée ensemble. D'accord, ça avait été facile vu les antécédents qu'ils avaient, mais tout de même. Il était content. Il avait su y aller avec tact et brio, ses deux fidèles amis.

Il demanda l'addition, puis fit de l'oeil à la jolie serveuse en déposant un billet bien plus gros que ce qu'on lui demandait de payer. La mignonne eut l'air surprise. Il lui glissa alors à l'oreille.


« Je suis toujours très généreux quand mes clients sont aussi heureux. »


Elle ne comprit pas. Elle ne pouvait pas comprendre. C'était ce qui l'amusait.