Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

 

 There's a shadow hangin' over me [A.]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeMer 8 Avr - 12:45

There's a shadow hangin' over me [A.] Tumblr_n28quaZLNu1shhayjo1_500

Le bruit des lames s'entrechoquant avait de quoi raviver des souvenirs. Avec un acharnement et une précision que 4 siècles avaient su préserver, l'inspecteur de la Fère mit moins de 2 min à désarmer son adversaire et à faire mouche. Avant même que son adversaire n'ait eu le temps de demander une revanche, Athos quittait déjà la salle d'arme. Retirant son masque, il prit la direction des vestiaires et se changea sans passer par la case douche. Ses cheveux n'avaient même pas eu le temps d'être mouillés par l'effort. Soupirant tandis qu'il retirait sa combinaison, il se demanda une nouvelle fois si cela valait bien la peine de continuer à venir ici. L'escrime était le meilleur moyen – légal – qu'il ait trouvé pour entretenir ses talents d'épéiste. Mais ses adversaires étaient si pitoyables qu'il s'y ennuyait ferme. Dans ces moments plus que jamais, ses anciens camarades lui manquaient. Où donc leurs réincarnations les avaient-elles emmenés pour qu'il ne recroise jamais leur route? Tandis qu'il se penchait pour attraper ses chaussures, son cerveau fut comme assailli par une pointe d'acier. La gueule de bois était finalement un adversaire bien redoutable. Tout bien réfléchi, la douche ne serait pas de trop.

L'eau glaciale lui remit quelque peu les idées en place. La soirée de la veille avait été un carnage éthylique et l'habitude n'y changeait rien. Mais que voulez-vous, il fallait bien boire pour oublier. Déjà mortel, il avait fait de ce vice un crédo. Lorsque la mort était venu le cueillir si jeune, en plein milieu d'un champ de bataille, il s'était dit que le destin avait bien fait son travail. Honneur, patrie, et surtout pas de lente agonie. Ses regrets s'évanouiraient une fois que son coeur aurait cessé de battre car, quoi qu'en dise ce chrétien d'Aramis, Athos refusait de croire en une vie éternelle auprès du Saint Père. Certes, il n'avait pas atterri au paradis mais l'immortalité lui avait tendu les bras, et impossible de s'en détourner. Autant dire que depuis 400 ans, les regrets n'avaient cessé de le tourmenter. Il avait eu tout le loisir de goûter aux cocktails les plus farfelus que des générations entières avaient concocté avec amour et passion. Mais rien n'y faisait, le vin restait son allié de prédilection, avec l'aide quelques fois du bourbon. Ainsi enivré, il oubliait l'espace de quelques secondes l'instant manqué qui avait fait de sa vie un enfer. Maudite guerre.

Fort heureusement, il avait récemment trouvé une carrière où son amour pour la boisson n'était pas considéré comme un pêché mortel. Nombre de ses sergents et supérieurs hiérarchiques connaissaient son penchant maladif et n'ignoraient pas la présence de la flasque dans son tiroir. Mais il faisait son travail comme personne et n'était jamais arrivé ivre mort sur une scène de crime. Car oui, après des années à se détourner de son ancienne vocation, à se chercher une nouvelle passion, le besoin de justice d'Athos était revenu au galop. Il lui fallait protéger, servir, aider, faire respecter les lois... même au Canada. On le disait surdoué, surtout si jeune. 423 années au compteur pourtant. Son caractère de leader l'avait vite mené au rang d'inspecteur... et il ne retirait aucune gloire à ça. La modestie était une vertu qui lui était propre.

Alors qu'il quittait le complexe sportif, Athos se mit en quête d'un endroit où passer la soirée. Bien sûr, il aurait pu rôder dans la bibliothèque où ses deux cibles se tournaient autour depuis près de 2 mois mais honnêtement, il s'était farci des comptes-rendus toute l'après-midi alors la lecture, non merci. En plus, Eros était distrait en ce moment. Rien ne pressait. Il songea alors à la proposition de ses collègues de les rejoindre dans leur QG, le Hilton. Mais les bars de flics, il en avait soupé. Il erra donc quelques minutes dans Yaletown, quartier où il venait plus souvent pour travailler sur des affaires que pour se détendre, quand une devanture attira son attention. The Diamond ne payait pas de mine, mais au moins, il ne risquait pas de croiser une quelconque connaissance dans ce genre de pub.

A peine eut-il poussé la porte qu'il regretta immédiatement cette pensée. C'était bien la dernière personne qu'il s'était attendu à trouver ici. En même temps, ayant vécu à Londres, quoi de plus normal pour elle que... Non. La solution était simple, il lui suffisait de faire demi-tour, comme si de rien n'était. Il n'était là que depuis une seconde, personne n'avait remarqué son arrivée... sauf elle. Son regard perçant le traversa de part en part, et son cœur rata un battement. Il ne pouvait plus fuir. Il avait passé ces deux derniers mois à le faire. Les agents de l'amour et de la discorde s'espionnaient à foison et bizarrement, les couples célèbres avaient tendance à se retrouver ici, à Vancouver. Longtemps il avait prié pour qu'elle corrobore la légende, et qu'elle la fasse mentir à la fois. Alors quand il avait appris qu'elle avait été engagée par Eris, non seulement il n'avait pas été surpris, mais il s'était saoulé comme rarement ces dernières années. Pourtant, le blackout n'avait pas suffi à effacer la nouvelle de sa mémoire. Passant une fois devant les bureaux de l'agence rivale, il avait vu sa silhouette se dessiner à travers la fenêtre et avait immédiatement accéléré le pas, à la surprise de Tristan qui l'accompagnait. « Tu ne peux pas fuir » lui avait dit celui qui s'était réconcilié avec sa Yseult. Et pourtant, quel autre choix avait-il ? Comment lui expliquer le regrettable choix qu'il avait été forcé de faire des siècles de ça ?

Mais là, maintenant, il ne pouvait plus reculer. Milady de Winter, qui avait bien mieux masqué son nom que lui, le fixait de ses yeux clairs. L'éclairage ne lui permettait pas de bien voir, mais il crut y lire de la colère. L'instant d'après, elle était déjà ailleurs, discutant avec un bellâtre qui devait sans doute l'abreuver en verres depuis un moment. Inexplicablement, son estomac le brûla comme jamais et la jalousie lui dicta la suite de sa conduite. D'un pas déterminé, il avança vers le comptoir et glissa un tabouret entre Anne et son prétendant d'un soir, à qui il adressa son regard le plus noir.

« Excuse-moi, mais c'est une longue histoire, et je n'ai pas toute la nuit. »

Ses manières de gentleman s'étaient un peu évanouies avec le temps, surtout quand il devenait émotif. Mais l'autre décida de laisser sa place – trop facilement peut-être. En temps normal, Athos aurait sans doute regretté que cela ne dégénère pas en bagarre. Mais pas aujourd'hui. Son attention se fixa alors à nouveau sur elle, sur ce visage que des siècles d'errance n'avaient su lui faire oublier.

« J'ai toujours pensé que tu mourrais avant que l'âge n'emporte ta beauté. Je me félicite d'avoir eu raison... tu es magnifique, Anne. »
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeJeu 9 Avr - 8:44

There's a shadow hangin' over me [A.] Captur10

Les supplications n’y faisaient rien. La pauvre Judith aurait pu implorer à genoux son pardon, aurait pu vendre ses pères et mères pour compenser la perte financière que elle et son petit ami avait fait perdre à Milady, comme son surnom était approuvé dans l’ensemble du milieu, cela ne changerait rien. Cela changeait d’autant moins que la jeune adolescente lui faisait furieusement penser à une autre jeune fille de son acabit et qu’elle avait connu de son vivant. Qu’elle avait assassiné également sans le moindre regret mais avec comme seul sentiment un exutoire à sa frustration, à son agacement. Elle ne la détestait même pas à l’époque. Elle avait peut être épousé un de ses anciens amants mais elle n’en avait jamais rien eu à faire de cet amant. Il n’avait été qu’un pantin entre ses mains expertes dont elle s’était joué avec délectation jusqu’à poser son intérêt sur sa prochaine victime. Constance, belle et fidèle Constance. Innocente et loyale aussi. Tout ce qu’elle n’était pas et ce qu’elle ne saurait jamais. Elle ne parviendrait jamais à la cheville d’une femme Constance était. C’était ce que lui avait assuré le veuf qui l’avait livré au bourreau de Lille. C’était les dernières paroles qu’elle avait entendu avant que la lame sanglante ne s’abatte sur son cou. Ils ne faisaient pas confiance dans les pendaisons la concernant. Rien d’étonnant à cela. Alors voir cette Judith la supplier aujourd’hui ne faisait que renforcer sa détermination. Elle ne la tuerait pas pour aujourd’hui. Elle se contenterait de lui inculquer une leçon, leçon qui l’amènerait à s’éloigner du chemin de son voyou de petit ami. Il n’était pas tolérable que l’amour existe parmi ses sous-fifres. Cela aurait été le comble. D’un simple échange de regard, elle adressa un léger signe de tête à son second et ce dernier se chargea de couper l’oreille droite de l’impudente. Plus de coupe Skrillex pour la demoiselle.

La porte en acier se refermant derrière elle estompa les cris de douleur et d’agonie poussés par la demoiselle ainsi que les hurlements d’effroi, de supplications de son futur ancien petit ami. « Je serai au Diamond en cas de besoin. ». Flint approuva de la tête et se chargea du reste de l’intimidation en l’absence de la maîtresse de maison. Anne n’était pas arrivée là où elle se trouvait aujourd’hui en enfilant des perles. Elle avait su faire preuve d’audace et d’opportunité. Le Cardinal lui avait appris tout ce qu’il lui avait été nécessaire d’apprendre. L’élève n’avait plus eu qu’à surpasser le maître et le trahir sans sourciller. C’était ce qu’il aurait fait. Ce bon vieil Armand. Elle avait hésité à se lancer en politique. Comme elle l’avait précisé à Richelieu à l’époque, elle était née pour en faire : elle avait de superbe cheveux et adorer mentir. Mais la politique était quelque chose de surannée et de superficielle. Il n’y avait plus grand intérêt aujourd’hui. A l’inverse, le trafic de drogue était encore un milieu largement dominé par la gente masculine où sa silhouette diablement féminine dénotait. Elle avait vécu quelques années au Mexique et n’avait pas eu la moindre difficulté à trouver une proie potentielle. Un simple lieutenant d’un quelconque trafiquant mais dont l’ambition dévorante était remplie de promesses. Elle avait nourri cette dernière. Elle l’avait élevé sur ce secteur d’activité particulièrement concurrentielle. Il y avait finalement régné en maître absolue. Et … des accidents de chasse arrivent tous les jours. Veuve pour la troisième fois de son existence, elle avait maintenu l’unité dans une main de fer, écrasant tout frémissement de rebellion dans un bain de sang, entretenant son culte et la dévotion de ses sous-fifres. Elle était devenue l’une des trafiquantes de drogue les plus importantes d’Amérique du Sud. Pourquoi venir s’enfermer à Vancouver avec une vie aussi trépidante ?  Entretenir le mythe à distance était un challenge encore plus grand.

Grand challenge également que de passer un entretien d’embauche à un futur lieutenant débauché de la concurrence au sein d’un pub typiquement anglais, entouré d’étudiants et d’hommes d’affaires se détendant entre collègues de travail après une rude journée de travail. Milady ne laissait rien au hasard et faisait attention à chaque détail. Porter une robe moulante noire et séduisante pour laisser penser à un rendez vous galant lorsqu’en définitive sont abordés les différents types de torture expérimentés par le candidat. Se placer de telle sorte que la porte d’entrée demeure en permanence sous son regard perçant afin de ne pas rater tout nouvel arrivant et toute nouvelle sortie. Boire du vin rouge lorsque son interlocuteur, viril, enfilait les verres de whisky sec. Non, la célèbre Milady ne laissait rien au hasard mais ce dernier s’avérait taquin à son plus grand dam. La porte s’ouvre sur un nouvel arrivant et le sang dans ses veines se figea à l’instant même où une silhouette masculine se découpait dans l’interstice de lumière. Elle n’avait pas besoin d’une seule seconde pour en connaître le propriétaire. Cette silhouette, elle avait rêvé de la voir apparaître 4 siècles plus tôt lorsqu’elle avait attendue toute une journée à la croisée des chemins. Cette silhouette, elle s’était dessinée au bas d’une allée dans une église consacrée lorsqu’elle avait encore de l’espoir pour son âme. Cette silhouette, elle s’était évaporée lorsque la corde autour de son cou avait manqué de la faire s’évanouir avant que le bourreau engagé et séduit pour l’occasion ne retire son œuvre. Cette silhouette, elle avait tiré un trait dessus. Cette silhouette n’avait pas le droit d’apparaître. Elle le lui fit comprendre en le fusillant du regard, d’instinct, sans réfléchir, avant de retourner à la conversation purement professionnelle qu’elle tenait.

Parfaitement consciente du moindre de ses gestes, de ses pas pesant en sa direction, elle continuait cependant d’espérer qu’il allait passer son chemin et qu’il allait s’enfermer dans un coin du pub avec en tête à tête n’importe quelle bouteille d’alcool fort en l’ignorant comme elle l’avait prévenu. Sinon, tu n’entendras jamais plus parler de moi. Elle avait tenu sa promesse. Lui, non. Un pic de colère sourde inonda ses veines alors qu’il s’installa entre elle et son futur employé, ce dernier comprenant parfaitement le message, imaginant peut être qu’il s’agissait d’un partenaire d’affaire de la femme sanguinaire qu’il souhaitait avoir comme employeur. Grossière erreur. Plutôt mourir que de s’allier avec Athos à nouveau. Elle se tourna vers le bar et prit le parti d’ignorer cette présence incongrue et malvenue, portant le verre de vin à ses lèvres pulpeuses. Tu n’entendras plus jamais parler de moi. Tu ne m’entendras plus jamais parler. Promesse qu’elle ne pouvait plus tenir elle-même. Elle se retourna violemment sur lui lorsqu’il lui adressa la parole pour la complimenter de la manière la plus maladroite qui soit et dans un même geste, lui lança son verre au visage. L’instinct, encore et toujours l’instinct.

« Pense également à féliciter tes chers amis, c’est grâce à eux. »

La rage faisait battre le sang dans ses tempes et ses veines, ses yeux brillaient de colère noire, son visage était fermé et droit. Elle le haïssait de chaque parcelle de son être. Comment osait-il se féliciter de sa mort alors qu’elle avait toute la vie devant elle ? Comment osait-il se ravir de cette existence si courte alors qu’elle avait trouvé enfin une vie apaisée et qu’elle était parvenue à aimer quelqu’un d’autre que lui ? Comment osait-il tenter un quelconque rapprochement avec elle après l’avoir fait attendre en vain dans le froid français ? Comment osait-il la complimenter alors qu’il avait rejeté sa main tendue avant son départ pour l’Angleterre pour une humiliation plus grande encore que lorsqu’il avait tenté de la faire tuer ? Le souvenir de l’humiliation et de l’espoir écrasé rosirent ses joues.

« Tu arrives bien trop tard, De la Fère. Je t’ai attendu une journée. C’était déjà une journée de trop. Merci de passer ton chemin. Je n’ai pas davantage toute la nuit. »

Refusant de laisser du terrain à son ancien époux, elle fit un geste au barman, montrant son verre de vin vide afin qu’il lui en serve un autre.

« Vous le mettez sur son addition, évidemment. »

Elle avait les moyens mais c’était une question de principe.
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeJeu 9 Avr - 10:02

There's a shadow hangin' over me [A.] Tumblr_nmjj7wOwvT1r4xrixo3_500

La réaction de son ex-femme ne se fit pas attendre et honnêtement, elle était à la hauteur de sa réputation. Mais si sa langue aimait le vin, ses pupilles un peu moins. Néanmoins, il resta stoïque face au geste théâtral d'Anne, et essuya de son foulard les gouttes du liquide qui maculaient son visage. Il ne tenait pas tant que ça à sa chemise, de toute manière, et avait bien d'autres soucis en tête désormais. L'allusion de Milady concernant sa mort ne lui plut pas du tout. Les premières années de sa réincarnation, il avait vainement cherché des traces de son existence, mais avait fait chou blanc. C'était comme si elle avait tout bonnement disparu de la surface de la terre. Mais comme c'était là sa spécialité, il avait imaginé qu'elle avait changé d'identité, de vie, et ne souhaitait pas être retrouvée. Il avait respecté ce choix, et abandonné ses recherches au profit d'une existence misérable et sans but aucun. Jamais il n'avait été question d'une exécution, encore moins si celle-ci impliquait les mousquetaires. Aramis, Porthos et d'Artagnan lui auraient-ils fait cet affront ? Certes, ils ne l'avaient jamais portée dans leur cœur mais qu'avait-elle bien pu faire pour les pousser à un tel acte ? A moins que ce ne soit un mensonge de plus que cette si belle bouche proférait... Honnêtement, après des siècles sans la pratiquer, il n'aurait su dire.

Visiblement, il aurait mieux fait de réfléchir avant de parler, comme d'habitude. Pourtant, sa répartie était autrefois aiguisée. Mais comment se concentrer avec une telle créature à ces côtés ? Son aura impressionnante le tétanisait, et la vague de sentiments qui le submergait était pire que toutes ses gueules de bois confondues. Pourtant, il était sobre cette fois. C'était peut-être là le problème. Sondant le visage ennemi, il fut toutefois surpris de la voir s'empourprer. Milady de Winter, l'usurpatrice, actrice quasi professionnelle, ne parvenait donc pas non plus à masquer son émotion ? Cela avait de quoi déstabiliser n'importe qui, surtout un homme qui n'avait aucune fierté à retirer d'une telle situation.

Évidemment, elle ne put s'empêcher de l'attaquer sur ce qu'elle interprétait comme une lâcheté. En même temps, il n'avait jamais eu l'occasion de s'expliquer. Tiraillé entre son honneur et l'amour... Comment aurait-il pu faire un choix sans le regretter immédiatement ? Des mois durant, il avait maudit Tréville de l'avoir nommé Capitaine. Supérieur à ses amis, en charge de bien des responsabilités, et rôle stratégique en temps de guerre... Soit, cela, il pouvait l'assumer. Mais l'obliger à accepter un poste alors qu'il ne cherchait qu'un échappatoire, c'était trop. On lui avait longtemps reproché son manque d'enthousiasme, le roi le premier. Déjà, qui pouvait se vanter d'avoir un jour vu Athos enthousiaste ? Son interlocutrice, peut-être. Jamais Athos ne riait, tout juste laissait-il un sourire s'esquisser sur son visage quand la situation s'y prêtait. Alors comment aurait-il pu se réjouir tandis qu'une guerre se déroulait sous ses yeux impuissants, et qu'il avait entre les mains la vie de centaines de camarades, prêts à le suivre au combat ? De l'avis général, il faisait correctement son travail, et il trouvait miraculeusement la force et les mots pour motiver ses troupes. Mais à chaque instant, l'image d'Anne hantait son esprit. L'imaginer à l'attendre le rendait malade, et blâmer le mariage de d'Artagnan et Constance ou l'allure de son cheval ne servait à rien. Il avait trop tardé tout simplement parce qu'il était indécis. Son jeune camarade si romantique n'aurait pas hésité une seule seconde, et il l'avait détesté un temps pour ça. Même si toute cette haine retombait finalement sur une seule personne : lui.

Il avait fini par brûler le gant d'une blancheur immaculée, seul souvenir qu'il gardait d'elle. A quoi bon se souvenir si c'était pour autant souffrir ? Chaque matin, il avait failli enfourcher son cheval et prendre la route pour l'Angleterre, pour la retrouver. Plus les mois s'étalaient, plus il savait son courroux grandissant. Mais son devoir le retenait ici, en France, jusqu'à sa fin prématurée. La main espagnole qui lui avait ôté la vie, il l'avait presque bénie d'achever ses souffrances. Et voilà où il en était aujourd'hui. Alors que répondre aux accusations qu'elle lui lançait aujourd'hui à la figure, comme ce verre de vin tant mérité ?

Tandis qu'elle se commandait un nouveau verre à ses frais, ce dont il n'aurait pu la blâmer, il fit signe au serveur de lui apporter la même chose. Le vin anglais était passablement ignoble, mais il ferait avec. De longues minutes passèrent, mais l'ancien Comte de la Fère cherchait ses mots. Et il avait plutôt intérêt à les choisir avec la plus grande précaution, car son entrée en matière avait été passablement désastreuse. Après avoir retourné tout le dictionnaire dans sa tête, et avoir vidé son verre, il décida de se lancer. Cela viendrait comme cela viendrait.

« Tu penses me détester plus que personne d'autre au monde. Tu as tort. Je me suis haï tous les jours depuis ce soir-là où je suis arrivé trop tard. »

Sentant qu'elle allait l'interrompre avec sa verve habituelle, il fit un geste de la main pour la stopper.

« Laisse-moi finir s'il te plait. »

Prenant une profonde inspiration, il avait aussi besoin d'une nouvelle gorgée de vin. Le serveur, anticipant ses besoins à la perfection, lui apporta la solution avec un nouveau verre bien rempli. Il lui adressa un sourire amical. Il reviendrait ici vu la perspicacité du personnel. Enfin, si cette conversation ne finissait pas en bain de sang.

« J'ai toujours mis un point d'honneur à respecter mon devoir. Sauf celui que j'avais envers toi. Je n'ai pas su te protéger, encore moins te garder. Et j'étais à un mariage quand j'ai réalisé ça, comme si toute l'ironie qu'était ma vie ne suffisait pas. Alors ce soir-là, j'ai piétiné mes responsabilités, et j'ai couru te rejoindre. Mais tu n'étais plus là. Je ne t'en ai jamais voulu. Et j'ai toujours su que toi, si. Tu as eu raison. Alors je ne te présenterais pas mes excuses : je sais que tu n'en voudrais pas. »

Il vida d'une traite son verre, et faillit lever le camp en vitesse. Mais fuir devant l'adversité n'était pas son genre. Anne avait un droit de réponse, et il le lui accordait volontiers. Même si elle décidait de lui enfoncer une dague dans les cotes : après tout, il le méritait.
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeVen 10 Avr - 7:22

Elle lui nia toute attention et fut quelque peu soulagée qu’il ne décide pas de reprendre la conversation. Regardant droit devant elle, le silence s’insinua entre eux et le malaise se distilla lentement et sûrement. Il avait beau ne prononcer aucun mot. Elle beau l’avait l’ignorer. Il demeurait que la jeune femme ne pouvait mettre de côté les sentiments qui l’assaillaient depuis qu’elle avait posé le regard sur cette silhouette aussi aimé qu’haï, qui la dégoutait autant qu’elle le désirait. Il aurait été tellement facile de céder à la mélancolie et la nostalgie. Sentiments qui se mêlaient aux regrets et aux hypothèses. Quelle aurait été sa vie si le cadet des De La Fère n’avait pas tenté la violer après l’avoir menacé de révéler la vérité sur son passé ? Serait-elle morte plus rapidement si son chemin n’avait pas croisé de nouveau celui qui se faisait appeler désormais Mousquetaire Athos ? Aurait-elle trouvé la sérénité à Kenilworth avec Robbie si celui qui avait été son grand amour avait été à ses côtés ? Et si. Et si. Et si l’on mettait Paris en bouteille. Ce n’était pas comme ça que cela devait fonctionner et elle devait cesser dès à présent de se laisser bercer par ces hypothèses qui n’avaient pas lieu d’être. Le passé était passé. Le présent lui appartenait et Olivier, Athos, quel que soit son nom aujourd’hui n’avait pas à s’y trouver. Résolue, elle saisit son téléphone portable et commença à vérifier ses mails, tout en se détendant avec ce verre de vin âprement mérité. Un message de Flint pour lui dire que tout se déroulait comme prévu. Un mail de Ricardo pour lui indiquer les différentes propositions de nouveaux producteurs. Un transfert de Sasha qui lui fournissait les résultats de laboratoire sur la composition de la livraison 415. Perdue dans ses pensées professionnelles, elle en oublia la présence, un peu trop facilement, un peu trop naturellement, d’Athos et sursauta lorsqu’il reprit la parole.
 
Elle ouvrit la bouche mais son signe de la main la fit se taire et lever les yeux au ciel. Ce fut davantage le frôlement de leurs peaux qui la fit se taire plutôt que l’ordre dissimulé de son ancien époux. Il s’était insinué entre son interlocuteur et elle alors qu’ils étaient déjà proches, faisant passer leur rendez-vous d’affaire pour une rencontre galante. Athos était plus proche encore et elle faisait seulement de le remarquer. Comment avait-elle fait pour ne pas le voir plus tôt ? Sans doute parce qu’elle était trop préoccupée par sa colère. Colère qui revenait au pas de charge et qui la faisait bouillir intérieurement. Rongeant son frein, elle se tourna cependant vers lui, prit une profonde inspiration et planta son regard dans celui d’Athos, l’écoutant malgré tout mais ne donnant aucun crédit à ses propos. Elle ne put s’empêcher de rire doucement de manière irrespectueuse lorsqu’il affirma qu’il n’avait pas su la protéger. C’était même un euphémisme. Elle s’offusqua plus encore lorsqu’il lui assura qu’il ne lui en voulait pas de lui en vouloir. C’était une caméra caché, ce n’était pas possible autrement. Il n’était pourtant pas encore ivre. Comment osait-il ?! Celle qui avait été pendue sans autre forme de procès par la personne qui prétendait l’aimer, c’était elle, pas lui. Celle qui avait attendue toute une journée dans le froid et dans l’attente de la personne qui prétendait l’aimer, c’était elle, pas lui.
 
« Je pensais avoir été claire, Athos. Je te rafraichis juste la mémoire : si tu ne viens pas, je partirai seule et tu ne me reverras plus jamais. Ne me tiens pas responsable des promesses que tu es incapable de tenir. Je sais tenir les miennes et je m’y tiendrais. »
 
Elle se laissa glisser sur le sol, passant volontairement du côté opposé de son interlocuteur, lui tournant le dos.
 
« Ne préjuge pas de mes propres sentiments. Cette haine que tu ressens contre toi-même, je te prie de me croire qu’elle est bien pâle en comparaison de ce que je ressens à ton égard. Ou plutôt de ce que j’ai ressenti à ton égard. Je te l’ai dit une fois, il y a très longtemps. Nous ne serions en paix en paix avec l’autre que dans la mort. »
 
Elle eut un léger rictus, son regard se perdant sur sa propre mort et instinctivement sa main glissa sur son cou dénudé sur lequel apparaissait très nettement la marque rouge estompée œuvre du bourreau qui avait fait un meilleur travail que la première fois. Le cercle entourait son cou en entier contrairement à son vivant. Et contrairement à son vivant, elle le portait avec fierté, ayant au surplus conscience de la terreur que cette cicatrice terrifiait tous ses adversaires. Il n’y avait plus besoin de la dissimuler. Il n’y en avait pas d’intérêt non plus.
 
« Le seul regret que j’ai est de ne pas t’avoir tué moi-même. »
 
Il était trop facile de venir dire aujourd'hui qu'il était venu mais trop tard. Elle refusait de le croire. Elle ne pouvait pas le croire. Il souhaitait simplement gagner à nouveau, lui faire croire que ... Lui faire croire quoi ? Ca ne l'intéressait pas. Ca ne l'intéressait plus. Ca ne devait plus l'intéressait. Elle garda le silence quelques instants, droite et fière, avant de parler à nouveau, ne souhaitant pas poursuivre une conversation qui l’ennuyait au plus haut point.
 
« Si tu veux bien m’excuser, mais parler avec toi m’a quelque peu donné la nausée. »
 
Elle tourna les talons et se dirigea vers les toilettes du pub avec assurance et détermination, sans accorder le moindre regard à l’environnement autour d’elle, faisant fi des conversations joyeuses. Les autres n’existaient plus lorsqu’elle se retrouvait avec Athos. C’était particulièrement agaçant. Dès que la porte fut franchie et se referma derrière elle, elle s’arrêta, à bout de souffle. Elle n’avait pas remarqué qu’elle avait cessé de respirer. Tel un fantôme, sous son armure, elle se fissurait. Se passant les deux mains dans les cheveux, empoignant ces derniers en fermant les yeux, elle se rapprocha des éviers, comptant mentalement pour se permettre de se redonner une contenance. Plus que jamais, elle se sentait fragile. Elle avait tout perdu. Elle avait tout reconstruit. Et remuer les souvenirs lui avait fait réaliser qu’elle n’était qu’un géant au pieds d’argile. Prenant une profonde inspiration, elle passa ses mains à l'eau avant de les apposer sur son visage brûlant. Lui faire reprendre pied au plus vite. S'il disait la vérité ?
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 12 Avr - 13:00

La mémoire d'Athos avait-elle seulement besoin d'être rafraichie ? Cette phrase avait tourné en boucle dans son esprit dérangé des mois durant, jusqu'à ce que la mort n'arrête cette torture mentale. Et puis, le temps faisant son œuvre, elle lui était revenue moins fréquemment, mais la formulation n'avait jamais quitté sa mémoire pourtant défaillante. Jamais. Mot qui semblait plaire beaucoup à Anne, femme de tous les excès. En effet, ils n'auraient sans doute jamais du se revoir. Et il n'était pas responsable de ce soudain revirement de situation. Le hasard, peut-être. Mais depuis son arrivée chez Aeternam Corp, il avait appris à se méfier de toute notion du destin. Il songea un bref instant que tout ceci était un coup monté d'Eros, celui qui voulait réconcilier les coeurs brisés. Il se souvenait d'une discussion avec son patron un soir, et quand celui-ci lui avait assuré avec une certitude désarmante que toutes les âmes sœurs se recroisaient un jour ou l'autre. Athos avait presque failli rire aux éclats, mais s'était abstenu de se moquer de son boss. En creusant un peu, il avait appris que leur couple avait été quelque temps au coeur des machinations des dieux de la discorde et de l'amour. Sans surprise aucune, c'était Eris qui avait triomphé. Et honnêtement, Athos n'eut même pas envie de blâmer Eros d'avoir raté son coup. De son avis personnel, ils étaient tous deux des cas désespérés.


Revenant à la réalité, il ne comprit pas la suite de son discours. Jamais il ne l'avait tenue responsable de quoi que ce soit, surtout pas de cette décision malheureuse, de son propre choix. Il n'avait jamais sous-entendu ça, mais comprit finalement que c'était la colère qui parlait pour elle. L'amalgame était facile à faire. Bien sûr, il savait depuis le départ que la raisonner était impossible. Cette femme était un défi impossible à relever et tel un athlète déjà bien habitué à la défaite, il y revenait toujours. A l'écouter donc, elle le haïssait plus. Admettons... Cela n'avait rien d'un concours. Son amour propre était si bas que cela n'avait aucune importance. « La BBC vous présente... Qui déteste le plus Athos ! » Cela aurait donné une bien mauvaise télé-réalité, pleine d'auto-apitoiement. Et tandis qu'elle lui tournait le dos, il songea qu'il était bien inoffensif à ses yeux car lui n'aurait jamais fait l'inverse. Mais surtout, surtout, sa nuque lui apparut dans la lumière d'un spot et la marque de son déshonneur avec.

Bien sûr, il l'avait aperçue dès son arrivée. Le choc était d'autant plus fort qu'à l'époque, elle le cachait comme une disgrâce, et il ne l'avait vue vraiment qu'une fois. Le trait, plus large que dans son souvenir, ressortait affreusement sur son teint de porcelaine. Il aurait voulu la faire disparaître sous une multitude de baisers, comme si la tendresse pouvait effacer les erreurs de son passé. Mais il savait qu'il n'aurait plus jamais le privilège de toucher cette peau qu'il désirait tant, et c'était sans doute mieux ainsi. Le temps qu'il reprenne ces esprits, Anne était déjà partie, le laissant seul, le souffle court. D'un geste machinal, il recommanda 3 verres au barman, et précisa « Bourbon. » Ils disparurent en moins de 3 minutes.

Dans sa poche, les vibrations de son téléphone le tirèrent de son auto-destruction. Janine. Le message était clair, net, concis. Un autre soir peut-être, il se serait déplacé pour faire son devoir de copain de couette, se vider la tête et dormir dans un autre lit que le sien. Mais pas ce soir. Pas ce soir. Janine était une femme superbe, indépendante, drôle, et qui méritait bien mieux qu'un sale bougon comme lui. Mais ni l'un ni l'autre n'avait mieux dans leur vie actuellement, alors elle se contentait de ça. Et lui s'estimait déjà heureux. Mais Janine n'était pas Anne. Anne...

« Si tu cherches ta donzelle, elle a filé aux toilettes. »

Sans doute avait-il prononcé son prénom tout haut. Décidément, ce serveur était sympa. Et sans doute ne s'attendait-il pas à ce qu'Athos prenne la destination des dits toilettes au lieu d'attendre sagement. Les petits personnages sur la porte indiquaient qu'ils étaient mixtes, comme dans Ally McBeal. Il ignorait bien d'où lui venait cette référence.

En entrant, il analysa les lieux – vieille habitude de mousquetaires. 4 cabines, aucune porte verrouillée, et Anne, là, face aux miroirs. Mais que faisait-il là ? S'appuyant contre la porte pour empêcher toute intrusion, et aussi un peu pour barrer la sortie, Athos se surprit à sortir une cigarette de son paquet. De sa vie d'immortel, il n'avait jamais vraiment beaucoup aimé ça. Mais il avait constaté qu'alcoolisé, il en réclamait sans arrêt. Alors il avait toujours un paquet sur lui. Son geste ne signifiait donc qu'une chose : le bourbon allait l'emmener sur des terrains glissants dans très peu de temps.

« Tu sais, parfois, je me réveille la nuit en nage. Terrifié. Je revois la gueule des fusils braqués sur moi, et je me souviens de tout. Du temps qui ne passait pas, de mes genoux qui tremblaient alors que j'ai toujours cru être si brave. A l'époque, je ne savais pas encore que c'était ton œuvre, tiens. Tu aurais pu choisir quelque chose de plus distingué, quand même. M'égorger aurait été plus propre. »

Il tira une large bouffée, et remercia le ciel que le propriétaire soit un inconscient. Zéro détecteur de fumée : la pluie aurait rajouté une touche de drame à la scène qui n'en avait pas besoin. D'ailleurs, en parlant d'inconscient...

« Veux-tu que nous comptions les points, Milady ? Allez, jouons un peu... Alors, tu as tué mon frère. Peu importe les raisons. Du coup, j'ai voulu te pendre. Énervée, tu as essayé de me faire fusiller et de détruire ta réputation. La tienne était déjà faite. Alors ensuite... Tu as brûlé mon héritage, posé une dague sous ma gorge. J'ai fait pareil quelques semaines plus tard. Décidément, c'est quasiment un ex-aequo. »

Il avait quitté la porte pour rôder comme un lion en cage tandis qu'il réfléchissait à leur historique.

« Il me semble quand même qu'entre temps, tu as essayé de nous tuer, un petit quatre à la suite, assez régulièrement. Et puis après, tu es devenue maîtresse du roi sous mes yeux des mois durant. Hum... Avant de me demander de tout quitter pour faire ma vie dans un pays que je détestais avec toi. Quelle bonne raison j'aurais eu d'accepter ça ? »

Et puis, parce que l'alcool nous fait faire des choses si incohérentes, la colère monta en lui alors qu'un calme olympien l'habitait jusqu'à présent.

« Pourtant, j'allais le faire ! Je sais que tu ne me crois pas, mais j'allais le faire ! J'allais tout sacrifier pour toi, ma vie, ma réputation, ma carrière, mon honneur, mes amitiés ! »

D'un geste qu'il allait regretter ensuite, il envoya son poing dans le miroir. Déjà, parce qu'il osait lui renvoyer son reflet, mais aussi parce qu'à défaut de se détruire lui, il lui fallait aussi détruire physiquement quelque chose. Après tout, il n'était pas à 7 ans de malheur. La douleur lui fit bien vite comprendre que ses phalanges aussi étaient détruites. Et puis après tout, c'était tout le bonhomme qui était en miettes depuis longtemps. Mais la main en sang, des éclats de verre plantés dans la peau, il en fallait plus pour l'arrêter. Se retournant vers elle, le cerveau un peu embrouillé, les yeux un peu visiblement mouillés, il cria plus qu'il ne prononça sa dernière phrase.

« Qu'est-ce qu'il faut que je dise, putain, pour que tu me crois ? »


Il doutait que le bruit alerte les gens. La musique couvrirait le son de sa voix. Et puis, de toute manière, il n'avait pas laissé la porte sans barrage : une dague bloquait la poignée. Une dague qui datait du 17e siècle. Comme leur amour défunt.
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeMar 14 Avr - 9:46

Ses mains dérivèrent dans son cou alors qu’elle observait le reflet que lui renvoyait le miroir face à elle. L’image d’une femme diablement séduisante et qui était capable de tout détruire sur son passage y compris elle-même. S’il y avait une tactique politique et militaire qu’elle avait assimilé plus que tout autre chose depuis des siècles, c’était bien celle de la terre brûlée. En témoignaient ses multiples cicatrices autant physiques que morales mais qu’elle portait désormais avec fierté. Elle attrapa une serviette en papier  qu’elle appliqua délicatement sur son teint de porcelaine, prenant garde de ne pas retirer son maquillage et de conserver la teinte rouge carmin de ses lèvres. Elle était en train de glisser un doigt sur la marque infamante laissée tout d’abord par son époux, le sémillant Olivier, Comte de la Fère, et qui avait été complétée de manière sanglante par les plus proches amis de ce dernier. Sur ce point, elle s’étonnait même qu’Athos n’ait pas participé aux réjouissances avec ceux-ci. Ca aurait pu être pour lui l’aboutissement de toute une vie. Pour être tout à fait honnête, elle avait même été vexée que ce dernier n’ait pas pris la peine d’au moins être présent afin de lui permettre de lui faire face avec dignité et honneur, chose qu’il ne lui avait jamais accordé. C’était tout de même la moindre des choses. Mais il avait été lâche. Une fois encore.
 
Elle pencha légèrement la tête vers la gauche, lui permettant d’observer au mieux la marque alors que la porte des toilettes s’ouvrait, laissant pénétrer quelques instants l’animation aussi alcoolisée que musicale du pub ainsi qu’une silhouette par trop familière. Elle se crispa l’espace d’un instant, instinct de survie oblige mais réalisa que cette fois-ci, il ne pouvait pas l’attaquer par derrière et poser une dague ou une épée sur son cou. A la fin, elle allait se demander si toutes les personnes rencontrées n’avaient pas fétichisme à l’égard de cette partie de son anatomie. Il y en avait de bien plus intéressantes, notamment pour les hommes l’entourant. Voire certaines femmes également. Ne lui accordant pas de réelle importance, elle continua de caresser la peau légèrement rêche à cet endroit, avant de poser ses deux mains sur l’évier, regardant Athos de manière indirecte par le reflet dans le miroir. Restant de marbre au début de son discours et au rappel de leurs exploits respectifs, elle finit par se retourner avec un soupir significatif, allant même jusqu’à réprimer un bâillement.
 
Prenant appui sur l’évier derrière elle, la jeune femme croisa les bras et eut la politesse de le laisser terminer. Si elle fut quelque peu surprise de son coup de sang, elle ne bougea pas. Jusqu’à présent, elle ne l’avait jamais vu pris d’une telle bouffée de colère et d’instinct, elle voulu lui saisir la main pour vérifier qu’il ne se l’était pas brisée dans son élan de pure machisme, souhait de montrer la virilité qu’il possédait en lui. Elle se contint cependant et se contenta l’observer du coin de l’œil den restant en retrait. Lorsqu’il lui indiqua de nouveau qu’il avait fait le choix de tout plaquer pour elle, elle fronça les sourcils et fut estomaquée qu’il persistait en ce sens. Elle fronça les sourcils, commençant à s’interroger sur le fait que son ego l’avait peut être fait partir un peu plus tôt. Elle secoua négativement et lentement la tête.
 
« Rien du tout, Athos. » répondit-elle avec douceur, la même douceur avec laquelle elle s’était révélée à lui lorsqu’elle lui avait laissé une dernière chance de s’enfuir ensemble, de construire un avenir ensemble qui lui avait été si cruellement arraché, un avenir qui lui avait été refusé trop de fois.
 
Elle reprit la parole d’un ton calme, contrastant avec la colère d’Athos quelques minutes auparavant et les propres sentiments violents qui l’assaillaient. Les siècles avaient passés. La mort les avait emportés. Mais malheureusement, elle réalisait qu’il n’en serait jamais terminé d’eux. C’était son enfer personnel.
 
« Faisons les comptes, oui. Catherine affirme que j’ai tué ton frère de sang froid, tu la crois. Je te jure par monts et par vaux que je n’ai fais que me défendre, tu me pends. Ma seule erreur a été d’épouser l’homme que j’aimais, je me suis retrouvée à la rue du jour au lendemain, sans aucune possibilité pour me nourrir que de me prostituer ou de trouver une autre voie. Je deviens celle dont tu étais persuadée que j’étais et tente de reconstruire une vie, tu la ruines à nouveau me contraignant à travailler pour des esclavagistes. Je suis enfin heureuse et apaisée auprès du Roi, ne t’en déplaise, et je décide de faire une bonne action, me voilà de nouveau ruinée pour avoir sauver la vie du Roi que tu défends. J’offre de nouveau mon aide pour sauver ce royaume de France auquel tu tenais tant, je manque de me faire pendre à nouveau par Catherine et sans que je sache pourquoi tu m’en veux. Je sauve ton ami Aramis au péril de ma vie, je n’ai pas un seul merci de sa part ou de tes chers amis. Je te propose de fuir avec moi en Angleterre et je t’attends en vain toute la journée, dans le froid. »
 
Tout en parlant, elle s’était redressée et rapprochée lentement de son ancien époux. Elle hocha négativement la tête et la douleur dans sa gorge qui se serrait ne laissait aucun doute sur les sentiments qui l’assaillaient cette fois-ci. La peine, la douleur, la déchirure.
 
« Et le pire, c’est que ça ne s’arrête pas là. Je reconstruis enfin ma vie dans ce pays que tu déteste tant. Je deviens enfin celle que j’aurai aimé être avec toi. Et là, ton cher D’Artagnan et consorts arrivent, ruinent ma réputation à nouveau par simple plaisir ou vengeance, que sais-je, et me font décapiter. Et poursuivent de leur ire, mon …»
 
Elle s’arrêta, incapable de continuer plus avant. Elle leva les yeux au ciel, prenant une inspiration pour calmer les battements effrénés de son cœur. Elle était à nouveau, suffocante dans le froid nordiste, à attendre la lame qui ne venait pas, à devoir baisser l’échine pour attendre le couperet. Il n’y avait pas sentiment plus affreux. Que d’attendre la mort qui se joue de vous, qui s’amuse tel un chat qui joue cruellement une souris. Les larmes glacées qui coulaient sans retenue sur son visage. Qu’allait devenir son cher Robbie sans elle ?
 
« Alors excuse-moi si j’émets des doutes sur tes affirmations. La vie a fait que je ne crois plus en rien, plus en personne, moins encore en toi. »
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeMer 15 Avr - 6:17

La douleur de sa main blessée lui était bénéfique. Ce n'était pas par simple masochisme : il avait été suffisamment blessé dans sa longue vie pour savoir quel déchirement c'était à chaque fois. La lame avait souvent transpercé sa chair, mortellement même une fois. Le sang qui coulait d'une plaie, ce n'était pas aussi esthétique que le cinéma le laissait à croire. Ce n'était rien de plus qu'un peu de vie qui s'écoulait d'une personne, jusqu'à la fin parfois. Mais sa résistance à la souffrance physique était plus forte que son mental, hélas. Et à cet instant précis, elle lui donnait un point de chute, un instant de répit. En temps voulu, il lui faudrait évaluer les dégâts, savoir si quelques os s'étaient brisés - à en juger par sa façon de la soutenir, il en était sûr - retirer les éclats de verre un par un, désinfecter en mordant très fort dans une ceinture - oui, il avait quelques réflexes ancestraux, et une peur bleue des médecins. Ensuite, il faudrait bander tout ça soigneusement de sa main valide, et peut-être un peu avec ses dents pour serrer le noeud. Ces habitudes là, il les avait en tête et reposaient presque son esprit. Mais qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre ? L'impulsivité était le propre de d'Artagnan, pas le sien. Mais en présence d'Anne, comment aurait-il pu réagir rationnellement ?

Tandis qu'elle s'entêtait encore, et refusait de l'écouter, il lui tourna le dos. Le choix n'était pas judicieux, même si le miroir lui renvoyait quand même une certaine vision de ce qui se passait derrière sa nuque. Mais surtout, il lui renvoyait son reflet éparpillé, comme les fragments de son âme meurtrie. Il détourna le regard, comme toujours, tandis qu'Anne jouait à ce petit jeu dangereux qu'il avait entamé. Comme toujours, elle ne sut parler que d'elle, ce qu'elle avait fait de bien. Et lui dans tout ça ? N'avait-il pas souffert de cette situation inextricable ? N'avait-elle pas mis aussi la France en péril avec son égoïsme perpétuel ? Lorsqu'il la vit, paradant aux bras de Louis avant la visite de l'observatoire et qu'écoeuré, il n'avait pu se résigner à les suivre... il aurait pu sauver des vies en se trouvant là. Elle avait aidé, certes. Mais cela résultait d'un coup de chance. Si la pièce était tombée de l'autre côté ? Les jeux de hasard n'étaient pas son fort.

Il la sentit s'approcher, et sa peau frémit en craignant qu'elle ne le touche. Non pas que cette pensée était désagréable, mais leurs épidermes en contact, cela ne donnait jamais rien de bon. Sauf peut-être dans l'intimité d'un cabinet secret, lors d'une situation où l'adrénaline était à son paroxysme... Quoique lorsqu'ils se frôlaient, c'était peut-être pire encore. Athos hésita à se retourner. Il préférait se focaliser sur les gouttes de sang qui perlaient sur la porcelaine blanche de l'évier, formant un dessins absurde qui aurait pu inspirer bien des psychanalystes. Peut-être qu'il retournerait voir le docteur Alberstein après cette rencontre, s'il en sortait vivant.

Ce fut lorsqu'elle sous-entendit une nouvelle fois que ses anciens camarades étaient pour quelque chose dans sa mort que son corps se réveilla enfin. Se redressant, il lui fit face, un éclat de colère brillant dans son regard. Elle avait tant menti dans sa vie... Etait-ce une ruse de sa part, ou était-elle sincère ? Quand la fin de sa phrase mourut dans sa sublime gorge, il douta plus que jamais. C'était la meilleure actrice qu'Hollywood aurait pu abrité en son sein, mais cette fois, il sentit que ce n'était pas surjoué. Et cela ne ressemblait pas à des larmes de crocodile, ces perles d'eau qui roulaient le long de ses joues si pâles. Elle acheva son coeur avec sa dernière phrase, qui le blessa plus encore qu'un miroir qui rencontrait sa main. Peut-être était-il temps de la panser d'ailleurs, alors qu'une flaque rougeâtre s'étendait à leurs pieds.

Elle était si près : d'un geste, il aurait pu faire disparaître ces larmes dont il était la cause. Mais il n'en fit rien. Tout juste eut-il la force de lui adresser un sourire triste.

« Toi comme moi, nous n'avons jamais été des croyants. »

Envers Dieu, envers la vie, envers les autres... La méfiance avait toujours été dans leur nature profonde. Même lorsqu'ils s'étaient dit oui devant l'autorité divine sur terre, ils savaient tout deux que leur serment était plus moral qu'autre chose, et que cette cérémonie était plus hypocrite qu'autre chose; et où était-il aujourd'hui, ce serment ? Pas encore tout à fait rompu, à en juger par leur conversation. Mais tellement élimé par le temps et les trahisons successives qu'il ne voulait sans doute plus rien dire.

Tout à coup, Athos sentit la tête lui tourner. Son vieux corps usé faisait des siennes, et n'avait plus la résistance d'autrefois, et il perdait visiblement plus de sang qu'il ne pensait. L'alcool n'aidait pas non plus. Pour éviter de défaillir devant l'adversité, il s'appuya légèrement contre l'évier, espérant que celui-ci ne céderait pas sous le poids de son désespoir. Il ferma les yeux un bref instant, le temps de retrouver une contenance et ses esprits.

« Si ce que tu dis est vrai, je n'en savais absolument rien. Je devais déjà être mort depuis longtemps quand ils t'ont... »

Il secoua la tête frénétiquement, comme pour chasser une image mentale. L'idée lui était tout bonnement insupportable. Quelle raison auraient-ils pu avoir de la tuer ? Milady de Winter leur avait causé du tort, mais si elle était en Angleterre à refaire sa vie comme elle l'entendait, ils n'auraient pas fait tout ce chemin pour la faire exécuter. Cela avait-il un quelconque rapport avec Constance ? La reine ? L'amour seul savait mettre ces mousquetaires dans pareil état.

« Je ne les ai jamais revus. Aucun des trois. Il parait qu'on se réincarne quand on a une histoire inachevé. Je suppose qu'ils avaient faits ce qu'ils avaient à faire. »

Au fond de son coeur, il avait toujours espéré qu'ils avaient fini par couler des jours heureux, sans chercher à le venger. D'abord, sauver la France, faire leur devoir, et puis se retirer vers une vie qui leur convenait. D'Artagnan avec Constance et une floppée de marmots hurlants. Aramis en paix avec son dieu, et peut-être une femme selon son choix. Porthos à chasser des esclavagistes sur ses terres d'origine. Il n'avait pas tellement regretté qu'ils ne soient plus avec lui, car c'était synonyme de réussite lors d'un premier passage sur Terre.

« Mais si je les recroisais maintenant, je leur botterais le cul sévèrement s'ils osaient avouer ta version des faits.»

En réalité, il aurait sûrement provoqué un duel, à l'ancienne, avec ses anciens camarades. Un par un, il les aurait soumis sous sa lame, qu'il savait encore parfaitement manier. Il avait toujours le meilleur d'entre tous, et il le savait. Le Duc de Savoie s'en souvenait aussi, ainsi qu'un paquet d'adversaires avec qui il avait le fer avant que la rapière ne devienne désuète. Oui, s'ils avaient commis cet acte là, il aurait pu tuer de ses mains leur amitié indestructible.

Si l'ambiance avait été à l'humour, il aurait pu ajouter « Il n'y a que moi qui ait le droit de te faire du mal... », mais après sa désastreuse entrée en matière, il préféra s'abstenir. La perte de sang lui embrouillait visiblement l'esprit. Finalement, il prit les devants sur ce qu'il s'était interdit de faire, et posa sa main valide sur sa joue d'un geste tendre qu'elle pouvait balayer en un rien de temps. Elle était froide, glaciale même. Son corps combattant la plaie lui donnait peut-être aussi une légère fièvre, comme cela pouvait être un reste de sa futile colère.

« J'aurais abandonné la France pour toi Anne. Et tu sais qu'il n'y a qu'avec elle que tu étais en rivalité. »
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 4:33

Un léger sourire en coin teinté de tristesse accueillit l’affirmation d’Athose, affirmation qu’elle ne pouvait contester. Elle avait beau avoir travaillé pour le Cardinal pendant des années, ce n’est pas pour autant que sa foi s’était développée d’une quelque manière que ce soit. Au contraire, travailler avec Richelieu n’avait, en définitive, que confirmer le peu de croyance qu’elle aurait pu avoir dans une instance supérieure qui régirai la vie des humains, ne représentant pas plus que des petites fourmis et d’autant plus surexcitées à ses yeux que leur passage sur Terre était fragile fugaces. Elle savait de quoi elle parlait. Elle en avait été elle-même l’architecte pour nombre de personnes qu’elle avait croisé sur sa route. Elle fronça cependant les sourcils lorsqu’elle l’entendit évoquer son propre décès intervenu avant le jugement odieux dont elle avait été victime. Elle avait cherché une bonne partie de son existence à ôter la vie à l’homme qui se trouvait en face d’elle. Pour autant, elle n’appréciait pas réellement l’évocation de sa propre mort. Comme elle l’avait dit à l’époque à Richelieu, ça ne la gênait pas qu’il fasse en sorte de tuer Athos mais elle préférait ne pas être impliquée. Curieux sentiment qui s’était alors emparée d’elle. Avant même qu’ils ne se soient en quelque sorte réconciliés quelques mois plus tard. Sans doute ne souhaitait-elle pas sa mort contrairement à ce qu’elle n’avait de cesse d’affirmer.
 
Il paraît qu’on se réincarne quand on a une histoire inachevée. Elle ferma douloureusement les yeux en revoyant la scène à laquelle elle n’avait pu assister. Prévenue trop tard. Volontairement par Cléopâtre qui n’avait pas souhaité évoqué la chasse folle qu’avait amorcé Robbie pour la venger ni l’issue sanglante qui en avait résulté. Elle était arrivée le plus rapidement possible. Dès le lendemain matin, elle errait sur les berges de la Tamise, cherchant frénétiquement le jeune homme de ses yeux bleus désespérés. Elle n’aurait pas eu le droit d’intervenir en tout état de cause. Elle en avait voulu à Eris à l’époque et elle avait presque entendu quitter l’Agence Discordia. L’ultime trahison qui avait finit d’achever son cœur, de le fermer définitivement. Et elle l’avait vu, flottant légèrement sur les berges, son beau visage dans la boue, le dos tourné vers le ciel tel un pantin désarticulé. Il n’avait pas 20 ans.
 
« Si, c’est ça alors pourquoi… »
 
Elle s’arrêta, bien trop émue. La mort de son fils était une déchirure qui ne s’était jamais refermée malgré les siècles. Pourquoi ne l’avait-elle jamais croisé à nouveau ? S’était-il seulement réincarné ? Il ne pouvait pas avoir achevé son destin. Il était trop jeune. Il était tellement beau et brillant. Il avait l’intelligence de ses parents mais il lui avait manqué ses parents pour grandir. C’était sa faute. C’était leur faute. Elle plongea son regard dans celui d’Athos et sursauta légèrement en sentant sa main se poser contre sa joue. C’est alors qu’elle réalisa combien ils étaient physiquement proches. Elle sentait l’air expiré des poumons d’Athos venir se glisser contre sa peau. Son cœur battait la chamade depuis quelques instants certainement mais elle ne le remarqua qu’à cet instant. Instinctivement, elle pencha légèrement la tête vers la main de son époux, appréciant la caresse de ce dernier, tel un chat satisfait. Elle se revoyait dans le cabinet secret de Richelieu, enfermés alors que leur ennemi commun rodait et s’apprêtait à les découvrir. Elle n’aurait du penser qu’au danger qui rôdait alors, à la mort qui pouvait arriver d’un moment à l’autre et pourtant, elle était apaisée et elle ne désirait qu’une seule chose. Athos. Que le déluge arrive, elle ne cillerai pas du moment qu’elle pouvait encore sentir ses lèvres contre les siennes.
 
C’était exactement le même sentiment, le même désir qu’elle ressentait en cet instant précis et sa respiration s’accéléra lorsque, imperceptiblement, elle rapprocha son visage, ses yeux comme hypnotisés par les lèvres d’Athos. Une seconde passa. Une deuxième puis une troisième. A la quatrième, elle eut l’impression d’être un acrobate au bord d’une falaise. A la cinquième, elle reprit pied et parvint à détacher son regard, s’humectant les lèvres et se raclant la gorge.
 
« Tu es un imbécile. »
 
Elle s’éloigna très légèrement et porta son attention sur la main ensanglanté du jeune homme. Elle attrapa cette dernière et entreprit de retirer avec délicatesse les quelques bris de glace insérée dans les plaies sanglantes. Rien de grave, juste du superficiel mais pour les os, elle n’était pas médecin. Attrapant un papier qu’elle passa sous l’eau, elle entreprit de frotter avec douceur les phalanges basses. Sa dernière phrase résonnait encore dans son oreille. Il n’avait pas le droit de faire naître un tel espoir en elle. Ce qu’elle lui avait dit sur la place du marché. Ce que Catherine avait lancé avec son venin habituel s’appliquait également à Anne. Elle était incapable de le laisser partir. Pendant toutes ses années en Angleterre, il ne s’était pas passé un jour sans qu’elle ne pense à son premier époux. Et si … et si …
 
« Ce qui est fait est fait. Et nous nous retrouvons à nouveau dans des camps opposés. Tout est question de choix. »
 
Elle approcha ses lèvres lentement de sa main et souffla doucement dessus pour apaiser un peu la douleur qu’il devait ressentir. Elle attrapa quelques papiers supplémentaire afin d’entourer sa blessure. Malheureusement, ils étaient trop courts pour se maintenir. Sans réfléchir, elle détacha un de ses bracelets en argent qu’elle utilisa pour conserver les papiers en place et éviter qu’il ne perde trop de sang.
 
« Tu devrais faire examiner ta main par un médecin. »
 
Elle se retourna vers lui et se retrouva encore plus proche qu’auparavant, entre l’évier et la chaleur diffuse d’Athos. La même émotion que quelques minutes auparavant l’envahit à nouveau et manifestement, la tension qui s’était installée entre eux avait pris une toute autre tournure que celle amorcée au bar. La colère était toujours bien présente mais comme à chaque fois qu’elle se trouvait en présence d’Athos, le désir se réveillait également. Sans doute allait-elle devoir faire appel à l’un de ses sous fifres ou séduire n’importe quel type croisé sur le chemin du retour afin de relâcher cette tension qui s’était insérée dans son bas ventre et qui la consumait tels des charbons ardents.
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 5:46

La sentir si proche était une torture qu'il s'infligeait tout seul. Leurs deux peaux se rencontrant faisaient remonter une foule de souvenirs à la surface de son âme meurtrie. Lorsqu'à l'époque, ils partageaient encore le même lit et froissaient les draps plusieurs fois par nuit. Cette femme avait des ressources inépuisables, et ce n'était pas sa douceur qui l'avait séduit à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui. Il fut néanmoins surpris qu'elle ne se dérobe pas. Au contraire, il sentit sa joue exercer une légère pression dans sa paume, aussi s'hasarda-t'il à la caresser de son pouce. Ils étaient experts dans les jeux dangereux, mais la partie qui venait de démarrer était pire encore que la roulette russe.

Tandis que Milady s'approchait de son ancien amant, il ne put soutenir son regard. Ces prunelles glacées lui renvoyaient l'image de celui qu'il avait été à son grand regret et même dans un millénaire, il n'aurait pu le supporter. Aussi ferma-t'il les yeux, dans l'attente de la suite des événements comme un gosse indécis. Quelques centimètres à parcourir, et puis la délivrance de cette frustration plus que centenaire. Mais non, son corps le lui interdisait. Déjà, aller vers elle lui avait pris toute son énergie. Sa tête continuait à lui tourner, mais il ne sut s'il fallait mettre cela sur le compte de la blessure physique ou de celle qui tenait son coeur dans un étau depuis le XVIIe siècle.

« Anne… »

Un souffle plus tard, il ne la sentait déjà plus contre lui, et il eut comme l'impression qu'un vide abyssal les séparait. Un imbécile ? Le terme était faible. Il se tenait bien moins en estime que ça. Sans doute ferait-il mieux de partir. Que rajouter de plus, après tout. Mais à nouveau, leurs corps trouvèrent un chemin l'un vers l'autre, et c'était elle qui n'initiait. Sa respiration se coupa nette, autant sous le coup de la surprise que de la douleur. Son premier instinct fut de retirer sa patte blessée, mais l'infirmière n'était pas n'importe qui, alors il s'abstint. Serrant les dents, il s'efforça de garder une figure neutre. Il n'avait jamais été faible, et se permettait une grimace dans l'intimité de sa chambre ou de sa solitude, jamais devant qui que ce soit. Encore moins devant elle. Délicatement, elle s'efforça de respecter chaque étape qu'il avait en tête mais lorsqu'elle en vint à frotter... elle pouvait s'estimer heureuse d'être Milady, car il aurait retourner une claque à n'importe qui d'autre. Ne. Jamais. Frotter une plaie. Surtout pas avec un papier de si mauvaise qualité. Dans son dos, son autre poing se serra tandis qu'il se laissait faire. Il rattraperait les dégâts plus tard.

Son souffle sur sa peau écorchée lui arracha toutefois un frisson. Douleur et plaisir se mélangeaient tout à la fois, et Athos ne parvenait absolument pas à maîtriser la situation. Il lui fallait reprendre pied, mais il en était parfaitement incapable.

« Si nous avions vraiment un camp, nous ne serions pas ici... »

La tension était palpable, son coeur battait la chamade et à cet instant précis, il ne pensait ni à Eros, Eris, Aeternam, Discordia, Tréville, le Cardinal... Cela n'avait aucune espèce d'importance. Pas quand elle était si proche et qu'il n'avait quasiment aucun effort à fournir pour que ses désirs - leurs désirs ? - ne deviennent réalité.

Heureusement, Milady lui offra une porte de sortie. Le ramener à sa douleur réelle, voilà une opportunité dont il n'aurait osé rêver. De sa main valide, il retira le bandage de fortune qu'elle venait de réaliser, ruinant ainsi son travail et le pas qu'elle avait fait vers lui. Le bracelet en argent tomba au sol, intact, mais baignant dans la flaque de son sang.

« Tu as toujours été une bien piètre infirmière. »

Il attrapa la flasque qui ne quittait jamais la poche de son perfecto. Au passage, il constata qu'il était en nage, mais ne prit pas le temps de s'éponger le front. Retirant le bouchon de ses dents, il appliqua le reste de whisky sur sa plaie. Le bouchon ne rentrerait plus jamais dans la flasque, vu comme sa mâchoire venait de le déformer. Il retira ensuite son foulard avec virulence et banda sa main rapidement, efficacement. Une minute avait suffi pour un travail propre, net, précis.

« À moins que tu n'aies décidé que la gangrène était la dernière arme qu'il te restait pour m'éliminer ? »

Un sourire traversa son visage. Inconsciemment, il rapprocha encore un peu plus son corps d'elle, l'acculant entre le lavabo et lui. Retrouver ses habitudes de soldat lui avait redonné confiance, apparemment.

« Tu parlais à l'instant de choix... Alors dis-moi, Milady... Pourquoi ai-je choisi de ne pas pousser la porte dans l'autre sens tout à l'heure ? Pourquoi as-tu choisi de fuir la conversation dans une pièce qui n'a pas d'issue de secours ? »

La distance qui séparait leurs lèvres ne se comptait même plus en centimètres. Leurs souffles se mélangeaient, comme autrefois, et leur rencontre était imminente. Qu'est-ce qui empêchait Athos de faire le premier pas ? Lui même ne le savait pas. Comme si une force invisible le tirait par la nuque pour empêcher d'avancer. Et il détestait cette force, qui semblait sans doute être la raison elle-même. Du regard, il suppliait presque Anne de céder à son envie. Car s'il y avait bien une femme immunisée contre la raison, c'était elle.
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 7:08

Un sourcil en coin traversa son visage et elle leva un sourcil. S’il y avait bien quelque chose qu’elle n’avait jamais eu l’intention de maîtriser, c’était la médecine ou l’enseignement ou tout autre activité qui impliquait de devoir s’occuper des autres et de les faire passer avant elle-même.
 
« Je laisse ça aux gentilles filles. » répliqua-elle avec humour et comme illuminé d’amusement alors que son esprit la ramenait, à titre d’exemple, sur cette chère Constance. « Les filles aussi douces qu’on les épouse mais dont on se lasse bien vite. Des filles ternes qui resteront des filles même lorsqu’elles auront 50 ans. » Si tant est qu’elle parvienne à cet âge là. Tel n’avait pas été la possibilité laissée à l’épouse de D’Artagnan. Encore aujourd’hui, elle ne comprenait pas comment pas moins de trois personnes avaient pu tomber sous son charme au point de mourir. Elle avait été d’une banalité affligeante. « Ou des femmes qui laisse présager une vie d’ennui après un simple échange d’amabilité et qu’on distribue à son frère cadet sans ciller pour s’en débarrasser. Qu’on laisse aussi mariner dans son coin en appréciant l’intérêt qu’elle nous porte mais qui sert uniquement à panser notre ego. »
 
Semblable à elle-même, elle leva la main pour glisser doucement son doigt le long de l’ouverture de la veste de cuir d’Athos, son regard suivant la chaleur diffuse qui irradiait du corps de l’homme au même titre que la colère. Y avait-il chose plus attirante qu’un homme en colère ? Indubitablement, Milady de Winter n’était pas de ce genre de femme fade qui se contentait d’un gentil époux. Elle avait toujours eu besoin de passion, d’excitation, de danger pour pouvoir se sentir vivre. Contrairement à nombre de ses consoeurs, elle n’avait jamais été une fille. Même à 12 ans, il émanait d’elle une telle aura que le doute ne faisait pas de place. Sans doute la raison pour laquelle, elle avait pu fuir le couvent dans lequel elle avait été placée. Sans doute la raison pour laquelle celui qui se faisait encore appeler Comte de la Fère avait embrassé une existence plus dangereuse et excitante que la vie que lui avait préparé ses parents. Elle l’avait changé de manière irrémédiable. Il n’ignorait pas qu’il avait fait de même à son égard.
 
« Mais j’ai bien d’autres talents que tu connais parfaitement. »
 
Elle redressa son regard pour le détacher des lèvres d’Athos qui s’était plus encore rapproché, laissant présager une reconstitution de la nuit qui avait précédé leur adieux, adieux s’étant avéré définitif à cause de l’hésitation proverbiale du fier mousquetaire. Se souvenait-il de l’incandescence qui avait de nouveau explosé entre eux alors ? Se souvenait-il de la texture de sa peau ? Se souvenait-il de la manière dont elle avait gémit son prénom ? Elle se souvenait de l’irritation divine de sa barbe contre sa peau douce. Elle se souvenait de son souffle court alors que le mur contre lequel il l’avait maintenu alors qu’elle faisait tomber toutes ses barrières. Elle se souvenait de l’explosion qu’elle avait ressentie en elle, dans tous les sens du terme, alors que des gardes de Rochefort couraient à quelques mètres d’eux cherchant de l’aide pour le roi ?
 
Les souvenirs qui enflammaient l’esprit de la jeune femme n’étaient peut être rien en comparaison de ce qui était en train de se passer entre les anciens amants mais avaient pris Anne à son propre jeu. Elle le désirait avec une ardeur comme jamais auparavant. Ce n’était pourtant pas faute d’amants au cours de ces dernières années. Elle avait eu son lot de ces derniers, certains même étaient même bien meilleurs ou imaginatifs qu’Athos. Mais étrangement, aucun n’était parvenu à sa cheville et sans doute avait-elle cherché l’image de son époux dans chacun d’eux. En y repensant, ils avaient tous ce quelque chose, d’une bien moindre envergure, qui se trouvait sous ses yeux. Pour autant, il était hors de question qu’elle cède. Malgré la violente brûlure qui existait en elle, malgré les picotements de feu qui parsemaient ses lèvres, malgré les battements effrénés de son cœur, malgré le regard qu’elle ne pouvait plus lâcher. Elle ne désirait qu’une seule chose : lui faire perdre ses moyens comme elle savait si bien le faire auparavant. Heureusement pour elle, heureusement pour lui, malheureusement pour eux, il lui offrit une porte de sortie.
 
« Pourquoi … »
 
Elle inspira profondément et prit légèrement appui sur l’éviter derrière elle, se cambra contre ce dernier alors que sa jambe se glissait entre celles d’Athos, le haut de sa cuisse frottant volontairement à un endroit stratégique du jeune homme. Il n’y avait pas le moindre doute sur le fait qu’il ressentait exactement la même chose qu’elle, mais au moins chez Anne, la nature féminine permettait de le dissimuler plus facilement. Ravie de sa découverte, enfin davantage de sa confirmation, elle s’humecta les lèvres avant de poursuivre d’une voix rauque :
 
« Si tu as été engagé chez Aeternam, ce n’est pas sans raison. »
 
Son propre souffle s’accéléra alors qu’elle continuait à frictionner leurs corps l’un contre l’autre. Il était le seul à la faire ressentir ça. Le savait-il seulement ou parvenait-elle si bien à jouer la comédie ? Alors que la tension se faisait de plus en plus insupportable et qu’elle allait finir par leur faire perdre tout moyen, et tout vêtement au passage, Anne se détacha brutalement d’Athos en se dérobant par sa droite. Légèrement chancelante, elle rattrapa ses esprits et s’approcha de la porte, retirant la dague qui en barrait l’accès. Le bruit métallique qui résonna sur le carrelage sale de ces toilettes de seconde zone ne couvrit cependant pas sa sentence.
 
« Et ce n’est pas non plus sans raison que j’ai été engagée chez Discordia. »
 
Elle ouvrit la porte des toilettes, l’atmosphère festive du bar, la happant de nouveau et faisant éclater la bulle dans laquelle ils s’étaient retrouvés l’espace de quelques minutes. D’une démarche assurée, elle chercha du regard son interlocuteur primaire et lui fit un signe positif de la tête. Il était engagé. Flint verrait les détails avec lui. Elle récupéra son téléphone portable dans sa pochette et composa un numéro en sortant en dehors du pub. Le soleil offrait un contraste étourdissant avec l’intérieur mais l’air frais de Vancouver lui fit le plus grand bien. « Charles. Passe me prendre. »
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 7:59

Des deux, Athos avait toujours été le plus tendre. Habitué aux gentilles filles, comme elle disait, avec lesquels il avait batifolé avant de la rencontrer, leur première nuit avait rude, féroce, surprenante. Certes, elle avait tout fait pour lui cacher son passé. Mais cette étreinte lui avait révélé qu'elle n'était pas une sainte, et peut-être était-ce là ce qui lui avait tant plu. Cette nuit-là, elle avait réveillé en lui des instincts qu'il masquait derrière la bienséance des la Fère. Il avait un temps cru qu'il ne parviendrait jamais l'apprivoiser, jusqu'à ce que ce soit effectivement le cas. Depuis, il savait tout d'elle, savait lire dans la moindre réaction que son corps ne pouvait contrôler. Sa cambrure, ses gestes, sa manière de retenir son souffle, comme une carte au trésor silencieuse vers un plaisir mutuel. Il avait réussi à lui enseigner le calme, l'attente aux moments où elle le brusquait. Elle avait fait de lui un amant qui avait comblé bien des désirs après leur séparation. Mais aucun des corps qu'il avait croisé sur sa route n'avait l'ardeur du sien.

Alors lorsqu'Anne mit en marche son mode séduction, Athos sut à l'instant même qu'il était sans défense. Aucune dague, aucun flingue ne pourrait le sauver tandis qu'il flirtait avec le danger sans retenue. Oh oui, elle avait bien des talents, et il était bien incapable d'approuver à cet instant car aucun mot censé n'aurait su franchir la barrière de ses lèvres en feu.

« Oui, pourquoi... »

Athos essayait désespérément de faire bonne figure et de continuer d'avoir un raisonnement logique. Il savait pourtant qu'il n'aurait aucune réponse de sa part, d'autant plus quand il sentit sa jambe s'appuyer contre lui, et remonter avec une lenteur effroyable. Son corps entier se contracta alors qu'il ne put contrôler la montée évidente de son désir qu'elle ne mit pas longtemps à surprendre. Irrémédiablement, il se rapprocha d'elle, collant son torse contre le sien, courbes qu'il connaissait pas coeur. En parlant de coeur, le sien était au bord de l'explosion, au point qu'il fut surpris de ne pas avoir mal dans le bras gauche.

« Je me fous bien d'Aetern... »

Mais déjà, elle était partie, rompant cette connexion établie alors que 5 minutes avant, elle lui balançait un verre en pleine tête. Imprévisible Anne... Pourtant, il aurait pu s'y attendre. Ses poumons exigèrent une inspiration salvatrice tandis qu'elle s'enfuyait. Le son métallique au sol faisait écho à celui qui résonnait en lui à cet instant. S'appuyant contre le carrelage à sa droite, il se laissa glisser le long du mur, le souffle court. Peut-être était-elle déjà loin... De toute manière, ses jambes étaient bien incapables de la suivre. Mais la porte s'ouvrit quelques secondes plus tard, le ramenant à la réalité.

« C'est pas trop tôt, putain ! »

L'homme à l'entrée fracassante ne lui adressa pas un regard et fila aux urinoirs à toute vitesse. Lorsqu'il remarqua le sang dans lequel trempait ses sneakers bon marché, Athos était déjà dehors, dans l'atmosphère étouffante du bar. Personne ne sembla lui prêter attention tandis que son regard fouillait la salle. La porte d'entrée tremblait encore, et lui indiqua le chemin à suivre. Dehors, la lumière l'éblouit plus que la découverte de sa présence, qui fut autant un déchirement qu'un soulagement. D'un pas vif, il lui fit face, et planta son regard courroucé dans le sien.

« Tes sorties dramatiques ne suffiront pas te débarrasser de moi cette fois. »

L'attrapant par la taille, il l'attira contre lui dans un geste tout hollywoodien et sans douceur aucune. Cette fois-ci, la raison n'était plus de son côté. Arternam, Discordia... des conneries. La vie n'était pas faite d'amour ou de haine, elle était un subtil mélange des deux. Ni elle, ni lui n'aurait su contredire cette vérité. Et alors que ses lèvres trouvaient enfin le chemin qu'elles cherchaient depuis des lustres...

« C'est quoi ce bordel, vous deux ? Vous allez me faire le plaisir de nettoyer ce... »

Le regard qu'Athos lança au serveur qui, d'une phrase, venait de ruiner leur amitié fictive, le fit taire. Plus noir qu'une Guinness, plus déterminé qu'un assassin royal. D'un geste douloureux de sa main bandé, l'autre maintenant toujours fermement sa femme, il souleva son perfecto sans lâcher l'intrus des yeux, dévoilant ainsi son arme de service et son insigne qu'il gardait à la ceinture.

« Rentre servir tes clients mineurs, et je n'en informerais pas les services concernés. »

Le malheureux décampa sans demander son reste, et Athos put à nouveau se concentrer sur l'objet de tous ses désirs.

« Où en étais-je ? Ah, oui. »

Sa main brisée vint se nicher dans ses cheveux, l'attirant à lui sans pour autant lui donner sur ce qu'elle, ce qu'il, ce qu'ils désiraient tous les deux. Oui, ça faisait mal. Mais la douleur était sa compagne depuis tellement de temps.

« Quand on réveille quelque chose d'endormi depuis trop longtemps, madame de la Fère, on l'affronte. »

Les dernières barricades de sa colère tombèrent tandis qu'il attrapa sa lèvre supérieure entre les siennes avec une ardeur qu'il ne parvint pas à contenir. Bientôt le mur rencontra sa main meurtrie, lui arrachant un soupir de douleur qui ne l'empêcha pas de poursuivre son oeuvre. C'était trop tard pour ça.
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 9:22

Elle raccrocha son téléphone, jetant un coup d’œil sur les SMS reçus mais qui n’avaient en définitive rien de bien transcendant. Rangeant cet outil moderne, elle leva le visage vers le ciel, fermant les yeux. Elle était encore vibrante de son échange avec Athos. Qui aurait pu penser que leurs retrouvailles auraient pu se dérouler de cette manière et dans cet endroit. Durant des siècles, ils s’étaient sans doute croiser. Durant des siècles, ils s’étaient peut être frôlés et cela aurait pu se perpétuer durant des siècles encore. A croire que le destin ne l’entendait pas de cette oreille. Elle ne porta pas attention à la porte du pub qui s’ouvrait à nouveau quelques instants après elle. La Milady habituelle aurait déjà scanné la personne l’ayant franchi afin de s’assurer du manque de danger ou de l’intérêt qu’elle pouvait représenter à son égard mais elle était encore passablement perturbée en dépit de ce qu’elle voulait croire. Ce n’est que lorsqu’elle entendit la voix d’Athos qu’elle réalisa qu’il s’agissait de lui. Elle ouvrit la bouche afin de lui fournir une réflexion bien sentie sur la manière de se débarrasser de lui : proposer de vivre de nouveau ensemble avait pourtant bien fonctionner la dernière fois. Mais elle n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot, moins encore de faire le moindre geste.
 
Elle poussa un petit soupir surpris et aussi sûrement qu’un feu d’artifice mal installé, elle s’enflamma comme elle ne s’était plus enflammée depuis des décennies. Depuis 386 ans environ si elle voulait être exactement précise. Sans plus réfléchir et immédiatement, elle répondit à son baiser et s’humilia en étant dans l’impossibilité la plus totale d’empêcher un gémissement de plaisir de remonter le long de sa poitrine et venir mourir dans le fond de sa gorge. Elle reprit de l’air lorsque le serveur eut le malheur de les interrompre et elle posa sa main sur le torse d’Athos, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur. Elle prit plusieurs inspirations mais ne tenta pas de se dérober cette fois-ci. Qui était-elle pour tenter de se jouer d’elle-même ? Qui trompait-elle ? Elle le désirait autant qu’il la désirait. Cela avait toujours été ainsi entre eux, malgré tout ce qu’ils avaient traversé. Malgré les tentatives d’assassinat respectifs, malgré les souffrances infligées l’un à l’autre, malgré la haine qu’ils clamaient éprouver l’un envers l’autre, ils étaient les deux parties d’un seul et même être. Ils auraient pu se battre pendant un millier d’années. Ils auraient pu se déchirer durant des millénaires. Rien n’y changerait jamais. Ils étaient faits l’un pour l’autre et rien ne parviendrait à les séparer. Pas la distance. Pas le temps. Pas les trahisons. Rien, ni personne. Il lui avait promis et ils avaient tenu cette promesse ensemble bien malgré eux.
 
Elle frissonna violemment lorsqu’il l’appela Madame de La Fère et son cœur se serra plus que de raison. Elle souhaitait ignorer la raison mais ne pouvait le faire. Elle était sienne. Elle, la femme forte, la femme manipulatrice, la veuve noire comme on la décrivait si souvent. Elle appartenait à un seul homme. Celui-là. Et celui-là n’appartenait qu’à elle. Nulle autre femme n’avait le droit de poser les yeux sur lui. Ninon en avait fait les frais. Mieux valait qu’il ne lui révèle jamais la liste de ses amantes, même d’un soir. Il était à elle autant qu’elle lui appartenait, corps et âme. Les souvenirs se mêlaient à l’instant présent alors qu’elle répondit avec passion à son baiser, leurs corps s’apprivoisant à nouveau avec leur fougue habituelle. 386 ans, c’était long, très long, trop long. Elle glissa sa main le long de son torse pour descendre plus bas et sentit qu’ils n’allaient pas durer longtemps l’un comme l’autre s’ils continuaient sur cette voie. Heureusement pour eux, heureusement pour les passants, ils étaient dissimulés par un renfoncement qu’elle utilisa à son avantage. D’une main experte, elle remonta sa robe tandis qu’elle relâcha quelque peu la pression pour Athos tout en s’installant afin de faciliter les choses.
 
Prenant appui sur le mur derrière elle, elle rejoua la même scène que près de quatre siècles auparavant et glissa ses mains dans les cheveux d’Athos. Elle rêvait de faire ce geste depuis qu’il était entré dans le pub. Sa bouche glissa le long de la mâchoire de celui qui était resté son époux et lui murmura dans le creux de l’oreille, la voix chantante :
 
« Ce n’est jamais moi qui fuis. » *
 
Non, elle ne fuyait jamais. Elle se contentait d’improviser mais en cet instant précis, son imagination, son cerveau étaient paralysés par ces retrouvailles. Elle était incapable d’empêcher les gémissements caractéristiques pour tout passant innocent franchir ses lèvres. Il était le seul avec lequel elle ne jouait pas un rôle. Elle en était incapable. Son rythme cardiaque au même titre que sa respiration déjà mise à rude épreuve s’accéléra et elle sentit une chaleur aux limites du supportable monter en elle, sa peau picotant d’anticipation.
 
« … Olivier … » souffla-t-elle avant de s’emparer de ses lèvres qu’elle mordilla alors qu’elle revenait sur leur conversation de quelques minutes auparavant. Quoi que soient leurs absences de croyances, il existait bien un septième ciel. Les Evangiles avaient tout faux. Il était juste sur Terre. 



* alternative:
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeDim 19 Avr - 10:37

Quand Athos entendait parfois ses collègues lui parler de frustration parce que leur régulière annulait un rendez-vous, ou que leur mari n’était pas d’humeur la veille, il avait envie de leur rire au nez. Cela faisait des décennies que sa frustration à lui grandissait comme un feu nourri, et qu’il n’avait absolument aucune solution pour l’assouvir. Toutes ces femmes de passage, avec laquelle il n’avait jamais construit une relation durable, n’avaient finalement qu’attisé son désir qui lui brûlait les reins. Aujourd’hui, il lui avait fallu se contenir pour ne pas sauter sur elle au milieu du bar.

Et voilà que l’attente venait de prendre fin. Ses mains qui courraient sur ses vêtements, définitivement de trop, connaissaient le chemin. L’exhibition n’était pourtant pas dans sa nature, mais qu’importait ? Il la sentait fébrile sous les assauts de ses baisers de moins en moins chastes au fur et à mesure que les secondes passaient. Athos aurait aimé que cet instant dure une éternité, Aeternam… Etait-ce là un triomphe de son agence ? Pas si sûr.

Déjà, Anne s’empressait de les rapprocher un peu plus, remontant sa robe. Ce n’était pas comme ça qu’il avait imaginé leurs retrouvailles. Dans sa poche, son portable vibra une fois de plus, mais Janine pouvait bien aller se faire voir. Il avait mis à faire. Son esprit embrumé ne pouvait se focaliser que sur elle, et elle seule.

« Je ne fuirai plus jamais, je te le promets… »

Des promesses, il en avait souvent faite. Il n’avait pas tenu la plus importante, mais cette fois-ci, il comptait bien s’y tenir. Cette histoire ne se terminerait pas comme un conte de fée, cela ne se pouvait, mais il avait bien l’intention de rester jusqu’au dénouement cette fois. Aussi la laissa-t’il faire quand elle entreprit d’ouvrir sa ceinture, alors que sa main valide remontait le long de sa cuisse nue. L’autre main était d’une inutilité flagrante dans cette affaire, et il regretta plus que jamais son geste de fureur. S’il avait su… Ses lèvres descendirent le long de son cou tandis que son amante prononçait son nom, le vrai, celui qu’il n’avait plus entendu depuis longtemps. Au même moment, il rencontra le renflement de cette ignoble cicatrice qu’il avait osé lui infliger. Incapable d’affronter cette part de son passé, il lui fut reconnaissant de revenir chercher ses lèvres abîmées. Ses soupirs et gémissements ne faisaient qu’accroître son envie d’aller plus loin.

« Pas ici… »

Pourtant, ses mots contredisaient ses gestes plus insistants encore. Mais franchement, le faire dans une ruelle au 21e siècle, c’était quelque peu… dépassé oui, mais excitant aussi. Toutefois, il n’eut pas le loisir de se poser plus la question. Un ricanement dans son dos le coupa net.

« Désolé les amoureux, mais il va falloir dégager la chaussée. »

Athos remonta rapidement son jean et se retourna lentement. Il avait reconnu la voix avant même qu’elle ne parle. Ce rire ne provenait que d’une personne.

« Inspecteur de la Fère… ! Je… Je suis… »
« Désolé ? Tu peux. »

Furieux, l’inspecteur se dirigea vers son ancien stagiaire. Ashton était un connard, un vrai. Sous ses ordres, Athos ne l’avait jamais supporté et avait tout fait pour l’éjecter de son service. Connaissant l’animal, il devait sûrement les reluquer depuis plusieurs minutes, si ce n’est pire. Athos l’empoigna par le col et le fit quasiment décoller de terre. Le lâche poussa un cri étouffé. L’ancien mousquetaire attrapa le téléphone que son sous-fifre tenait dans la main, s’éclata au sol et l’acheva d’un coup de talon.

« Tu déguerpis maintenant ou je te fais reléguer au stationnement dans la minute, sale pervers. »

Athos relâcha sa prise et l’autre put respirer à nouveau, avant de prendre ses jambes à son cou. Ca allait jaser au commissariat demain, mais il s’en moquait. Cela ne ferait presque que renforcer sa réputation auprès de ses gars. Les gens d’aujourd’hui ne pouvaient-ils pas s’occuper de leurs affaires ? Toutefois, le retour à la réalité lui fit remarquer que malgré le renfoncement qui les protégeait, la rue était passagère. Et madame n’était pas discrète.

Revenant vers elle, sa colère s’effaça en une fraction de seconde. Un sourire des plus sincères illumina son visage, et cela faisait bien longtemps. Il écarta une mèche brune qui barrait son teint à la fois pâle et rougissant. Plus tendrement cette fois, il déposa un baiser au coin de ses lèvres et appuya son front contre le sien.

« Je m’attendais à des retrouvailles théâtrales, mais je ne veux pas de spectateur pour autant. Où voulez-vous aller, madame ? »

Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeLun 20 Avr - 8:44

La jeune femme poussa un soupir de frustration en laissant retombée sa tête en arrière, frissonnant légèrement alors que l’air frais de Vancouver venait remplacer les bras ardents d’Athos. Elle ferma les yeux, tentant de retrouver une maîtrise sur elle-même. A défaut de ses sentiments, elle pouvait bien contrôler sa respiration et les battements effrénés de son cœur. C’était la moindre des choses. Quant à la brûle à son entrejambe, il allait falloir attendre quelque peu. Elle baissa sa robe afin de retrouver un semblant de dignité avant de se passer les mains dans les cheveux, décollant ses jambes du mur, ne laissant reposer sur ce dernier que son dos, offrant une position provocatrice et clairement d’invitation. Elle promena son regard indifférent sur le combat de coqs se déroulant sous ses yeux et ne présentant pas grand intérêt. Athos avait toujours eu en lui cet aura d’autorité à son plus grand malheur. Elle l’avait vu lorsqu’ils étaient encore le Comte et la Comtesse de la Fère. Elle l’avait vu lorsque leurs chemins s’étaient croisés des années après. Et visiblement, c’était ce qui les avait séparé une fois de plus. Il ne l’avait jamais accepté mais c’était ainsi. Tout comme elle ne pourrait jamais être sans une odeur de souffre autour d’elle. C’était ainsi qu’ils étaient. Cela courrait dans leurs veines et ils ne pouvaient y échapper. Tout comme ils ne pouvaient échapper à l’un l’autre.
 
« En une autre époque, je t’aurais dit de le tuer tout simplement. »
 
Elle sourit légèrement en repensant à la dernière fois où elle lui avait fait cette proposition. Qu’était devenue Catherine par la suite ? Elle ne s’en était jamais inquiétée. Elle aurait cependant dû lui envoyer un bouquet de remerciement. Grâce à elle, elle avait eu la confirmation des sentiments inchangés d’Athos à son égard quant bien même elle le savait déjà. Elle se mordilla la lèvre inférieure, déjà particulièrement gonflée par l’action de son interlocuteur et sourit avec malice avant de fermer elle-même les yeux lorsqu’il posa son front contre le sien. Elle apprécia le contact de leurs peaux l’une contre l’autre, le frisson que cela continuait de lui procurer. Elle cédait.
 
« Quelques endroits en tête. La question est de savoir si on aura le temps d’y parvenir. »
 
Elle glissa son doigt contre la mâchoire d’Athos avant de lui faire lentement remonter le menton et de l’embrasser avec douceur et envie. Lorsqu’elle se détacha de lui, elle plongea son regard dans le sien. Eux deux était voué à l’éternité ou à la damnation, peut être même les deux en même temps. Mais ils ne pouvaient pas faire dans l’entre deux. Ils n’en étaient pas capables. Un bruit de klaxon lui fit tourner la tête vers la route et elle sourit en faisant un signe de tête vers la Berline rutilante qui venait de se garer en double file juste devant eux. Charles, toujours obéissant. Elle se détacha de son époux pour marcher d’une démarche chaloupée vers cette dernière alors que son employé lui ouvrait la portière.
 
« Votre destination, Madame ? »
« La maison. »
 
Elle pénétra dans l’atmosphère agréable de la voiture et se laissa glisser sur le siège de cuir camel, attendant que son époux vienne la rejoindre. Volontairement, elle se tourna vers le paysage qui défilait sous ses yeux, tout en adressant des textos à son second afin qu’il fournisse les directives à l’égard de ce nouveau dealer. Parvenus dans le sous sol, elle remercia son chauffeur et lui donna le reste de la journée. Pénétrant dans l’ascenseur, elle s’installa contre le miroir observant telle une lionne intéressée Athos.
 
« Devrai-je être étonnée que tu ais de nouveau commis l’erreur de rejoindre les forces de l’ordre. » Elle prit une inspiration et s’approcha doucement alors que l’ascenseur les amenait au dernier étage de cette tour nouvellement aménagée. « Inspecteur. » Il y avait quelque chose de sexy à savoir qu’il avait une arme fatale accrochée à sa hanche et qu’elle pouvait si facilement saisir en prenant garde de laisser tomber précisément sa propre garde. Elle frôla de ses doigts la hanche d’Athos, sa main se glissant sous son haut alors que ses lèvres se posaient dans le creux de son cou, sans pour autant l’y embrasser. Elle le savait mieux que quiconque : le souffle d’un baiser à venir était bien plus bouleversant que le baiser lui-même.
 
Le tintement caractéristique leur indiqua qu’ils étaient arrivés à destination. Elle se détacha de lui et pénétra dans son appartement situé dans un ancien clocher et qui offrait une vue impressionnante sur les alentours caractéristiques du vieux quartier. Elle s’avança dans la cuisine afin de leur sortir un verre d’alcool ainsi que quelques olives fraiches qu’elle croqua en prenant appui sur le comptoir.
 
« Tu sembles aimer commettre les mêmes erreurs. Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Je suis curieuse cependant : pourquoi Vancouver si la France était la seule qui comptait ? »
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeLun 20 Avr - 12:02

Que serait Milady sans une menace de mort ? Cette réplique douloureuse lui rappela  sa dernière rencontre avec Catherine. Deux femmes avec un si fort caractère dans la même pièce, cela n'aurait rien pu donner de bon, tout bien réfléchi. Et côté théâtral, sa belle-soeur était douée aussi, quoiqu'assez peu imaginative. Revoir Anne la corde au cou lui avait porté un coup au coeur, même si cette fois il avait été suffisamment courageux pour la sauver. Il n'avait tout de fois pas apprécié sa remarque : la mort faisait partie de sa vie, certes, mais il ne la donnait jamais de sang froid. Sauf peut-être... À cette pensée, Athos secoua légèrement la tête, en proie une nouvelle fois aux regrets. Mais ce n'était pas l'heure.

En effet, il était plutôt temps de ne penser à rien d'autre qu'à l'instant présent, comme le lui rappelait fort doucement Anne de son baiser d'une tendresse rare de sa part. Il ne doutait pas que l'envie lui sciait encore les reins - match nul d'ailleurs - mais elle parvenait à bien le cacher. Mentalement, il songea à quelque lieu où emmener sa belle, mais à part son appartement... Un klaxon le tira de sa rêverie, le faisant légèrement sursauter. Si c'était encore un curieux, il allait définitivement s'énerver cette fois. Mais visiblement, c'était elle qui allait s'en occuper. La voir s'éloigner de quelques pas lui déchira le coeur, et il mit quelques secondes avant de réaliser l'étrangeté de la situation. Milady aurait donc un... chauffeur ?

Pas si surprenant que ça, la connaissant. Mais nous n'étions plus en 1620, et les carrosses se conduisaient personnellement aujourd'hui, ou alors on appelait un taxi. Et cette Berline là, et l'attitude du chauffeur, ça n'avait rien à voir. Haussant un sourcil suspect, il hésita quelques poignées de secondes avant de la suivre. Etrangement, il n'était pas à son aise et tandis que la superbe voiture démarrait et qu'elle l'ignorait royalement, Athos réalisa qu'il ne savait pas ce qu'elle était devenue. Un travail légal ne lui ressemblerait aucunement, certes. Mais de là à se faire appeler madame par un type à l'air pas commode, qui l'emmenait où elle le désirait... Définitivement, ils seraient toujours dans un camp ennemi. Le trajet, plutôt court, ne lui donna pas le loisir de réfléchir plus que ça. Mais qu'elle soit au centre d'un trafic un peu louche ne le surprendrait pas. Dévisageant une nouvelle fois le fameux Charles, il se demanda comment celui-ci réagirait en sachant qu'il venait de balader un flic. Cette pensée lui arracha un sourire et tandis que la Berline s'éloignait, Athos nota mentalement la plaque d'immatriculation. Vieille habitude, peut-être, mais il ne doutait pas que cela lui servirait un jour. Ne serait-ce que pour la retrouver si elle décidait une nouvelle fois de disparaître.

La suivant dans le hall, puis l'ascenseur de ce trop beau bâtiment, il s'efforça de masquer son malaise. L'inspecteur de la Fère n'avait pas pour habitude de fréquenter ce genre d'endroits trop huppés. Son salaire misérable était compensé par les primes d'Eros, mais il avait toujours détesté les dorures et drapés de ces lieux. Overdose du Louvre, peut-être ? Il n'avait jamais su. Soldat il était, soldat il restait et se contentait d'un confort sommaire. Seule la vue lui importait. Et à cet instant, celle qu'il avait devant les yeux lui convenait parfaitement, dans l'étroitesse de l'ascenseur.

« Force et ordre, comment aurais-je pu résister ? »

Des années durant, il avait cherché une carrière plus pacifiste, éloigné de toute agitation. Il avait été dresseur de chevaux, accessoiriste, armurier, maître d'arme, détective privé, hôtelier... Mais chaque fois, il était revenu au danger, au frisson des interventions musclés. Comme une drogue, l'adrénaline était nécessaire à sa vie. Il détestait d'ailleurs la partie paperasse de son métier, et allait sur le terrain dès que possible. Même s'il détestait cette époque sordide et son lot de crimes passionnels, ou règlements de compte où toute notion d'honneur était remplacé par l'horreur, pure et simple. Mais là où il y avait du sang, il y avait le Comte de la Fère. Régler les injustices n'était pas une vocation en soi. Il préférait juste être du bon côté de la barrière et combattre ceux qui méritaient de l'être. Certains mettaient sur le compte de la bravoure son amour du risque, alors qu'il se nourrissait surtout du frisson de l'imprévu. Jamais imprudent toutefois. Et puis à priori, il était un leader né. Il n'avait jamais réclamé son statut, mais il y accédait toujours.

Et son goût du danger se confirmait une nouvelle fois. Quelle situation aurait pu être plus périlleuse que celle qu'il affrontait maintenant ? La prédatrice s'approchant de lui alors qu'ils s'apprêtaient à pénétrer son antre, il se laissa volontiers faire. Son souffle dans son cou le rendait fou, et il aurait à nouveau pu briser un miroir s'il n'avait pas eu un minimum de retenue. 14 ans de malheur, ça aurait fait beaucoup. Elle s'était déjà enfuie avant qu'il ne perde totalement le contrôle, et il pénétra dans sa tanière sans se faire prier.

Question vue, Athos était servi. L'appartement était d'une splendeur à couper le souffle. Immense, luxueux, tout à fait dans les goûts de sa femme. Les baies vitrées offraient un panorama incroyable sur la ville de Vancouver, sur laquelle le soleil commençait à décliner. Il resta d'ailleurs un moment pantois, au milieu de la pièce qu'il pensait être la principale, faisant le tour du propriétaire d'un simple regard. Elle s'éclipsa suffisamment longtemps pour qu'il vienne la rejoindre dans la cuisine, ou l'une des cuisines peut-être, et il découvrit un nouveau pan de la ville. Il avait définitivement bien fait de ne pas proposer son appartement. Pratique, assez grand, mais surtout très sommaire. La décoration était simple, rien de personnel ne transparaissait ; il n'y passait à vrai dire pas beaucoup de temps, tout juste des nuits sans sommeil.

« Ah, la France... »

Sa remarque le fit sourire tandis qu'il attrapait le verre de vin qu'elle lui avait servi et le faisait tinter contre le sien.

« Des siècles l'ont fanée, ma France... »

Mais aussi et surtout...

« Et cela fait bien longtemps qu'elle n'a plus besoin de moi. »

C'était l'honneur qui avait dicté sa conduite à l'époque. L'allégeance envers ce roi faible certes, mais le roi tout de même. Ses amitiés qu'il n'aurait su rompre. Ce grade qu'on lui avait accordé sans lui demander la permission, et les responsabilités qui allaient avec. La France allait saigner et il devait être là pour limiter les dégâts. C'était ce qu'on attendait de lui, et fuir n'était pas dans son caractère. Les mousquetaires avaient été la famille qu'il avait perdu des années auparavant. Le peu de temps où il avait été leur capitaine, il avait tout fait pour protéger ses troupes, mieux que ses gens de l'époque. Servir pour la France... et puis une fois qu'on était mort, tomber dans l'oubli. Son nom avait traversé les temps, merci Alexandre. Mais jamais il n'était redevenu Athos, l'épéiste de renom, le soldat valeureux et respecté. Il était resté un moment, n'avait pas l'âme d'un explorateur, et il avait vu le pays sombrer. D'abord, Versailles, sa grandiloquence, les extravagances d'un souverain fou. Et puis la révolution, les barricades, la folie jusque dans la rue. Intime de Robespierre un temps, où il observait les enjeux depuis un coin de l'imprimerie où il se salissait les mains dans l'encre qui se voulait libératrice, la Terreur l'avait achevé. Il avait alors franchi la Manche, puis traversé l'Europe déchirée par la guerre, les deux même. Soldat il était redevenu. Mais jamais il n'avait posé le pied en France à nouveau.

Il avait émigré à Vancouver en suivant Eros, et retrouver sa langue natale lui avait tant plu. Le climat était bon, les gens pas plus désagréables qu'ailleurs, il n'avait aucune raison de partir. Et puis la police montée, ça avait une sacrée gueule.

« Alors ici ou ailleurs... Je n'ai plus rien d'un patriote. »

Buvant une longue gorgée de l'exquis breuvage, meilleur que celui qu'il se faisait servir d'habitude, il planta son regard dans le sien. Accoudée contre le comptoir avec une désinvolture qu'il reconnaissait bien là, il hésitait à faire un pas vers elle. Il n'aurait su dire pourquoi. Peut-être parce qu'il était en terrain inconnu, paradoxalement intimidé par ces plafonds hauts.

« Le choix me surprend plus de ta part. Les canadiens ne sont pas tellement connus pour intriguer, il me semble. »

S'asseyant nonchalamment sur un tabouret qui devait faire quatre fois son salaire, il déposa son arme de service qui commençait à peser à sa ceinture sur la table. Comme pour lui dire qu'il était sans défense. Et puis si les choses prenaient la tournure à laquelle ils s'attendaient tout deux, son Glock ne les encombrerait pas. Mais finalement, il n'était pas à son aise ici, comme oppressé par ce lieu trop beau, trop grand, trop elle. Se levant d'un pas léger, il s'approcha à nouveau d'elle, caressa sa joue d'un geste doux et approcha ses lèvres des siennes avant de se résigner et prendre la direction du balcon.

Une fois dehors, le vent frais lui fit le plus grand bien. Respirant à plein poumons l'air pur, il ferma un instant les yeux, ébloui par la beauté du paysage. Puis il sortit à nouveau une cigarette, qu'il alluma sans réfléchir. Pourquoi faisaient-ils traîner les choses ? Il n'aurait su dire. Souffler le chaud et le froid, voilà leur grande spécialité. Intérieurement, il savait qu'il attendait que la nuit vienne déployer son manteau sur eux. L'obscurité leur seyait bien mieux.
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeMer 22 Avr - 10:14

C’était toujours compliqué d’être jaloux d’une chose immatérielle. On ne pouvait pas réellement lutter contre cette rivale. On ne pouvait pas lui trancher la gorge. On ne pouvait pas compter sur le temps qui passe et qui fane sa beauté. C’était au contraire la sienne qui se dissipait dans les méandres du temps. On ne pouvait pas la compromettre de telle sorte qu’elle fasse fuir l’être aimé et déchiré. Comment pouvait-elle éprouver le moindre sentiment de jalousie à l’égard de la France ? Comment pouvait-elle craindre quelque chose qui n’était pas du même acabit qu’elle-même ? Aucune des deux ne jouait dans la même catégorie. Aucune des deux n’avait le moindre terrain d’entente ou point commun. La seule chose qui les réunissait était en définitive le fait de se partager le cœur d’Athos. Techniquement, elle ne pouvait être jalouse de l’Hexagone. Et pourtant … pourtant, elle en avait eu des conversations et des débats jusque tard dans la nuit avec Enjolras à propos de cette concurrence qui ne souffrait d’aucun compromis. Bien sûr, Athos était moins investi que ne l’était le héros révolutionnaire mais il demeurait que leurs discussions avaient toujours été très houleuses et Anne regrettait souvent que Grantaire n’ait pas rejoint l’agence Discordia que celle opposée. Comment faire entendre raison à un tel idéaliste dont l’égoïsme n’avait d’égal que ses talents oratoires ? Les autres salariés de l’agence craignait lorsqu’ils rentraient en contact mais il fallait bien avouer que leurs disputes violentes et passionnées ramenaient nécessairement de la discorde et donc de l’argent. Sans doute la raison pour laquelle Eris les mettait souvent en partenariat sur tel ou tel cas. Elle était ainsi sûre de toucher le jackpot.
 
Malgré toute raison, Anne n’avait connu d’affres plus douloureux de jalousie qu’à l’égard de la France. De son vivant, elle n’avait craint personne. Catherine n’avait jamais été une rivale et la jeune femme avait pris un malin plaisir à l’observer tel un cafard, avec dégoût, supériorité et indifférence avant de l’écraser du pied sans une seule once de remord. N’y avait-il pas plus pathétique que l’ombre d’une femme continuant à aimer un homme qui ne lui avait jamais accordé la moindre importance, le moindre regard pendant des années jusqu’à la fin de ses jours. N’y avait-il pas plus méprisable que de continuer à s’accrocher à ce qu’on n’aura jamais, à ce qu’on ne sera jamais ? La seule qui aurait pu lui faire de l’ombre, Ninon, n’y était jamais réellement parvenue. Elle était trop fade malgré ses positions et son caractère bien trop marquée. Peut être que le Comte de la Fère aurait été heureux avec elle s’il n’avait jamais rencontré Anne avant. Sans doute se seraient-ils complétés superbement. Mais Milady avait fait en sorte que tel ne serait jamais le cas. Elle se plaisait à croire qu’elle y était parvenue. Ce n’était pas qu’elle était possessive, juste qu’elle n’aimait pas qu’on tourne autour d’Athos. Ce n’était pas bien compliqué à comprendre après tout.
 
« Ou peut être qu’elle n’a jamais eu besoin de toi, ta France. » répondit-elle avant de tremper ses lèvres dans l’élixir purement français.
 
Alors que moi, j’avais besoin de toi. Elle fit taire cette voix intérieure qui réclamait cette vie qu’on lui avait si injustement arrachée. Il avait fait son choix. Quant bien même, il ne se soit précipité auprès d’elle tardivement, cette hésitation avait marqué au fer rouge leur relation et elle n’oublierait jamais l’humiliation ressentie. Milady de Winter ne passait pas en second. Elle était un premier choix sans hésitation. Il n’y avait pas de doute possible. Elle rit doucement lorsqu’il lui indiqua qu’il était davantage surpris de la voir à Vancouver plutôt qu’à intriguer ailleurs.
 
« Je pensais t’avoir suffisamment éduqué pour le savoir. Mais toujours se méfier de l’eau qui dort. »
 
Elle haussa les épaules avant de poursuivre.
 
« Après tout, ce sont bien les Canadiens qui ont créé Justin Bieber. »
 
Ou Discordia. Son regard dériva sur l’arme posée sur le comptoir alors qu’il s’installait tranquillement sur un tabouret. Ou pas si tranquillement que ça finalement. C’était assez amusant de le voir aussi mal à l’aise. Ne sachant comment et où s’installer. Il était évident qu’il n’était pas dans son élément alors que la jeune femme était évidemment tel un poisson dans l’eau. Elle ne pipa mot et le laissa tenter de prendre ses marques que lui, comme elle, savait pertinemment qu’il ne prendrait jamais. Ils s’étaient trop trahis l’un l’autre. Il y avait eu bien trop de non dits et de vérités cinglantes entre eux pour qu’ils retrouvent l’apaisement de leur début. Même dans un millier d’années, mis en présence l’un de l’autre, il existerait toujours une tension caractéristique entre leurs épaules. Ils ne pouvaient plus se faire confiance. Elle le laissa donc faire. Se rapprocher d’elle pour mieux s’éloigner. Le chat et la souris sans que l’on sache véritablement qui était le chat ou la souris. Sans doute les deux à tour de rôle. Elle l’observa quelques instants, rêvassant de son côté. Son regard se posa ensuite sur le glock toujours posé ingénument sur son comptoir.
 
« Ne t’est-il pas venu à l’esprit que je me suis peut être rangée ? Que j’ai épousé un très riche et très vieux Monsieur qui m’a permis de bénéficier de la vie que j’ai toujours mérité ? »
 
Le fond de l’air était frais malgré le soleil qui rayonnait sur la ligne citadine qui s’offrait à leurs yeux. Restant sur l’interstice entre le balcon et le salon, entre l’extérieur et l’intérieur, entre l’ombre et la lumière. Toujours ambigüe.
 
« Pourquoi dois-tu toujours penser le mal de moi ? »
 
Un cliquetis caractéristique. Elle venait d’armer le revolver avec lequel elle visait Athos. Elle pouvait assouvir sa vengeance maintenant avec la propre arme de son époux, de son ancien époux, de son veuf, elle ne savait plus ce qu’il était. Ses yeux bleus luisaient d’une lueur particulière que lui seul pouvait deviner. Un léger sourire en coin venait ponctuer chacune de ses phrases. Elle s’approcha doucement d’Athos, le visant toujours mais restant suffisamment éloignée pour l’empêcher de la reprendre. Il avait commis une grossière erreur en abaissant sa garde aussi basse. Il lui avait suffit d’un baiser, de quelques paroles enfiévrées, de quelques larmes trahissant une émotion qu’il pensait connaître et le tour était joué. La question était cependant : avait-elle envie d’appuyer sur la gâchette ?
 
« Je me demande bien d’où te viens ce genre d’a priori… »
Revenir en haut Aller en bas
Athos de la Fère

Athos de la Fère


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015
Pseudo/Nom : Lee
Humeur : Grumpy

we are all on this planet
Age du personnage: 423 ans
Emploi/Occupation: Inspecteur
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeMer 29 Avr - 11:01

Le vent s’engouffrait dans ses cheveux qu’il oubliait régulièrement d’aller faire couper. À vrai dire, en quatre siècles, il avait très rarement opté pour la mode capillaire du moment, sauf peut-être quand la mode était à la guerre et que les casques exigeaient un beau crâne parfaitement rasé. Mais Athos n’avait que faire de son apparence, ni même qu’on le considère comme un hipster parce qu’il avait une barbe. Aujourd’hui, il avait donc à peu près le même look qu’au 17e siècle et personne ne lui jetait des cailloux dans la rue. Preuve s’il en fallait que la mode était un éternel recommencement… un peu comme leur histoire.

Lorsqu’elle évoqua sa potentielle nouvelle vie, Athos ne put retenir un léger rire tandis qu’il tirait sur sa cigarette, manquant ainsi de s’étouffer. Si la vie qu’elle avait méritée était celle d’une croqueuse de diamants, alors il voulait bien passer par dessus la rembarde. Par le passé, Milady avait déjà tenté d’embrasser cette carrière… et cela ne lui avait pas réussi. Trop de caractère, trop de fougue pour le roi déjà, pourtant si naïf et crédule. Au moment où il aurait juste suffi de se taire, elle n’avait pu s’empêcher de laisser son besoin d’aventures ressortir. Quel vieux monsieur, comme elle disait, pourrait supporter ça sur le long terme ? Ou alors, elle avait effectivement convolé avec un vieillard riche, et l’avait poussé dans l’escalier pour récupérer l’argent de l’assurance vie. Cela, déjà, lui aurait bien plus ressemblé.

Sa réflexion venait corroborer ce qu’il venait de penser, comme si elle savait exactement lire en lui. C’était le cas, certes, mais la coïncidence était troublante tandis qu’elle mettait parfaitement les mots sur l’image mentale qu’il se faisait d’un petit vieux se brisant la nuque sur des marches en bois.

« Parce qu’un millénaire ne suffirait pas à changer notre nature profonde. »

Athos n’était pas du genre manichéen, au contraire. Au cours de sa longue existence, il avait croisé suffisamment de destins compliqués pour savoir que chaque personne abritait en son sein une part de bien, et de mal. Le tout était ensuite une question d’équilibre. Lui-même se situait plutôt du bon côté, et pourtant plusieurs de ces actes venaient contredire cette notion même. Car être du côté de la loi ne donnait pas tous les droits. À l’inverse, les types qui croupissaient en cellule avaient parfois pu défendre une fille qui se faisait agresser dans la rue. Tout était une question de balance, de pourcentage peut-être même, et Anne était définitivement du côté plus obscur. Elle était comme ça. Et ça n’était pas le bruit qu’il connaissait si bien qui viendrait le contredire.

Ne jamais lui tourner le dos. Voilà une imprudence qu’il s’était promis de ne pas commettre une heure plus tôt, dans le bar. Et pourtant, cela faisait 2 fois déjà qu’il faisait cette erreur en si peu de temps. Mais était-ce vraiment une erreur ? C’était sans doute ce qu’elle pouvait croire. Après tout, il avait délibérément posé son arme de service sur la table. C’était presque comme une invitation, un test pour savoir si ses vieux démons étaient toujours là. La réponse était plus qu’évidente.

Un léger sourire sur les lèvres, Athos se retourna calmement, une nappe de fumée toxique s’échappant de sa bouche. Entre l’ombre et la lumière, elle resplendissait. Mais surtout, l’arme trouvait parfaitement sa place dans sa main, preuve s’il en fallait qu’elle avait déjà utilisé une arme de la nouvelle génération. Et malgré la bouche du flingue braquée sur lui, Athos ne sourcilla pas, et continua à fumer sa cigarette tranquillement. La force de l’habitude, peut-être. Mais aussi et surtout le privilège de l’immortalité.

Les premières années, il avait cherché à éviter à nouveau le danger. Le souvenir douloureux de sa mort, ce déchirement dans sa poitrine, tout ça était encore trop frais. Et surtout, cette réincarnation était-elle la seule ? Mélancolique mais pas suicidaire, Athos n’avait pas cherché à trouver cette réponse volontairement. Ce ne fut que lorsqu’un apprenti à l’armurerie avait mal équilibré le canon d’un fusil qu’il appris à ses dépens que non, il n’avait pas un nombre de vie limité, a priori. Certes, cela faisait toujours un mal de chien, mais rien ni personne ne pouvait plus le rayer de la surface de la terre. Les blessures non mortelles guérissaient à vitesse humaine, et les autres… Se réveiller sur une table d’autopsie n’avait rien d’agréable. Ni pour lui, ni pour n’importe lequel des médecins légistes qu’il avait traumatisé ces dernières années. En 4 siècles, il n’était mort qu’une petite dizaine de fois, surtout à la guerre. Car mourir quelque part, c’était se reconstruire ailleurs. Si l’inspecteur de la Fère crevait la gueule ouverte dans une fusillade, il ne pouvait décemment pas revenir au bureau la bouche en cœur le lundi matin. Et puis mourir mine de rien, c'était quoi ? Une balle en pleine tête, dans le coeur à la rigueur mais le reste pouvait toujours tenir de la guérison miraculeuse. Mais la douleur... Oh la douleur.

« Ah Milady... Tu as donc réussi à traverser les siècles intacte, c'est bien ça ? »

Peut-être voulait-elle juste le faire souffrir ? Après tout, c'était un peu la base de leur relation malsaine. Fais-moi mal, Johnny Johnny... Mais l'éclat dans son regard voulait dire tout le contraire. Elle voulait le voir mort. Cette naïveté était surprenante de sa part, et pourtant... Si elle n'avait jamais frôlé la mort à nouveau, alors tout était possible. Pour une fois, Milady n'était pas sur un piédestal, ne serait-ce que par son ignorance. Athos avait plus de cartes en main, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il avança d'un pas, furtif, et attrapa le canon de sa main valide, celle qui avait encore toutes ses forces. Le mégot continua à se consumer au sol, comme triste d'avoir du quitter les lèvres de l'ancien mousquetaire.

« Et bien, je t'en prie, tire. Choisis juste bien ta cible. »

D'un geste ferme, assuré, il appuya l'arme, son arme, contre son front.

« Ici, c'est plutôt efficace. Ca repeindra ton balcon, et je m'éteindrais quelque jour, le temps que la mécanique plutôt complexe de mon cerveau malade se reforme. C'est beau, c'est théâtral, même si c'est un peu sale »

Doucement, il fit descendre le canon contre sa poitrine. Son sourire disparut de son visage progressivement.

« Là aussi, tu me court-circuites un moment. Et puis, c'est symbolique. Arrête donc mon coeur de battre, ce sera ça de moins qu'il aura à souffrir. »

Puis un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres tandis qu'il visait volontairement - ce qu'il n'aurait jamais cru faire - juste en-dessous de la ceinture. Pourquoi ne pas s'amuser un peu du désarroi de Milady, qu'il continuait à fixer d'un regard perçant et un poil narquois.

« Là par contre, tu nous assures juste de passer tous les deux une soirée fort décevante... »
Revenir en haut Aller en bas
Anne Clarick

Anne Clarick


Messages : 48
Date d'inscription : 08/04/2015

we are all on this planet
Age du personnage: 420 ans
Emploi/Occupation: Trafiquante
Relations:

There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitimeVen 1 Mai - 6:20

Il y avait toujours un sentiment de puissance infinie lorsqu’on se tenait derrière une arme. C’était ainsi que la jeune femme avait découvert qu’elle pouvait estimer et juger chacune des personnes qui passait derrière sa ligne de tir ou qui se trouvait avoir le cou piégé derrière une larme affutée. Il n’y avait pas plus étrange que les humains, c’est ce qu’elle n’avait eu de cesse de relever au fil des siècles. La plupart du temps, l’honneur et la fierté ne faisaient pas long feu lorsqu’ils étaient confrontés à leur propre mortalité. Certains explosaient en sanglots et suppliaient pour vivre, prêt à toutes les bassesses, même les plus nobles qu’elle avait pu rencontrer. Certains acceptaient ce destin et suppliaient intérieurement qu’on leur vienne en aide. Dieu, souvent. Leur mère, toujours. Dieu lui-même ne parvenait jamais à la cheville de celle qui les avait mis au monde et les avait aimé sans la moindre concession. Enfin, quelques uns ne laissaient transparaitre aucune peur, aucun sentiment. Ceux-là étaient les plus dangereux. Il était souvent mis en avant qu’un animal aux abois était l’être vivant le plus dangereux au monde. Milady avait appris que ce n’était pas vrai. Il n’y avait pas plus dangereux que la personne qui s’estimait déjà morte. Elle n’avait rien à perdre. Et elle démontrait une force sans pareille. Elle pouvait être prise dans la chaleur des combats napoléoniens sans qu’une lame ne puisse la toucher. Elle pouvait marcher, la tête haute en dépit des boucles de cheveux qui traînaient au sol sous les cris de haine des résistants de la dernière heure et des plus lâches d’entre les survivants. Elle pouvait s’aventurer sur une arête de montagne, le précipice de chacun des côtés, un chemin inexistant et abrupt. Ce n’était pas aujourd’hui que la mort l’accepterait enfin. Athos faisait incontestablement parti de cette catégorie. Comment nier une fois encore ce qu’ils étaient l’un pour l’autre.
 
« Athos, tes choix de mot sont toujours des plus malheureux. »
 
Son regard vert se fit glacial. Il n’avait certes pas été le premier à laisser sa marque profonde dans sa chair. Elle en avait essuyé d’autres avant de rencontrer le Comte Olivier Athos de la Fère et sa charmante famille qui avait voué sa perte. Les cicatrices à ses genoux, témoignage de la cruauté des Sœurs auprès desquels sa mère l’avait abandonné encore enfant. Le long trait fin et rouge dans le creux de ses reins, témoignage de la perversité du prêtre avec lequel elle s’était enfuie et qui lui avait fait payer sa trahison. La fleur de lys imprimée dans sa peau laissée par le Bourreau de Lille. Elle était loin d’être une toile vierge lorsque son chemin avait croisé celui d’Athos. Et à la manière des autres artistes de son existence, il avait laissé sa marque. La plus impressionnante et la plus profonde de toute parce que c’était celle qui avait brisé ses derniers espoirs en l’humanité. Cela était tellement étrange. Elle avait survécu à des humiliations, à des flagellations, à des barbaries sans nom, à des pendaisons, à des coups de poignard, à des balles, à des suffocations et à des décapitations. Elle était forte certes mais il suffisait d’une simple pression exercée sur sa peau et le sang s’écoulait à flot.
 
Elle le laissa s’approcher davantage et saisir l’arme de sa main. Elle aurait pu tirer pour l’en empêcher mais à quoi bon ? Elle se contenta de le laisser faire, maintenant cependant une pression intentionnelle et inéluctable. Il était hors de question qu’elle recule. Il le savait. Elle ne quitta pas son regard un seul instant alors qu’il lui offrait les différentes options possibles qui aurait pu lui permettre d’assouvir temporairement ce désir de vengeance qui ne la quittait pas, qui ne la quitterait jamais quant bien même elle aurait pu l’assouvir complètement. C’était impossible. Cette fois-ci, c’était elle qui le savait. Cela ne signifiait pas pour autant qu’elle ne pouvait en profiter en attendant. Un léger sourire en coin, elle leva un sourcil lorsque le jeune homme lui offrit une troisième possibilité qui ne lui aurait jamais effleuré l’esprit. Elle avait remarqué qu’il n’avait eu de sourire dans un esprit visible de provocation vaine, sauf lorsqu’il avait pointé l’arme sur son cœur. C’était la symbolique de ce qui existait entre eux, ce qui avait débuté et ce qui perdurait toujours.
 
« Ou alors… » poursuivit-elle en relevant son arme pour venir la poser sur les lèvres de l’ancien mousquetaire. « Au fond de ta gorge pour que tu cesses enfin de m’abreuver de reproches aussi infondés que trop simples… »
 
Elle appuya davantage sur les lèvres qu’elle avait parcouru quelques instants, lèvres qui l’avaient à maintes reprises fait frissonner et gémir de plaisir. Lentement, elle utilisa l’arme de fonction d’Athos et pénétra en douceur dans la bouche de ce dernier, juste suffisamment pour qu’elle repose sur sa lèvre inférieure. Son doigt se crispa alors qu’elle s’humecta sa lèvre inférieure, ne lâchant pas du regard son ancien époux. On aurait pu croire qu’un ange passa entre eux à la différence que les anges n’avaient jamais voulu présider dans les environs de ces deux amants terribles. Les bruits de la ville leur parvenaient de manière lointaine, le vent venait les caresser de sa fraîcheur mais rien ne les atteignaient véritablement sauf la douleur incommensurable qui se tissait entre leur passé, leur présent et leur futur à jamais liés. Ils étaient des monstres l’un comme l’autre, quoi que puissent en penser Athos. Ils ne valaient pas mieux l’un que l’autre et si elle avait bien conscience de la raison pour laquelle ils étaient réincarnés, il fallait bien un jour ou l’autre que cela s’achève.
 
« Si seulement tu savais… »
 
Sa respiration s’intensifia alors qu’elle leva une main pour caresser avec une tendresse non dissimulée la joue d’Athos. Fronçant légèrement les sourcils, elle hocha légèrement la tête avant de se redresser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser doux sur le front du jeune homme.
 
« Me comprendras-tu jamais un jour ? »
 
Un sourire triste envahit ses traits alors qu’avec une résolution résignée, elle appuya sur la gâchette.
 
Silence.
 
Son sourire s’intensifia alors qu’elle retira l’arme inutile de la bouche d’Athos et la fit tomber sur le sol de son balcon, le bruit résonnant et faisant fuir un oiseau proche de ces deux amants terribles. Elle se détourna d’Athos pour retourner vers l’intérieur de son appartement, se servant un nouveau verre de vin, ce dernier étant posé à côté des balles qu’elle avait retirées avec précaution avant de rejoindre son ancien mari. Elle trempa ses lèvres dans le précieux élixir, restant volontairement le dos tourné à Athos.
 
« Je te l’ai dit. C’est terminé depuis bien longtemps. »
 
Qu’il le veuille ou non, elle avait changé. Irrémédiablement. Lorsqu’il n’était pas venu, elle avait tiré un trait. Tous les fils n’étaient pas encore coupés entre eux. N’en restait plus qu’un. « Un fil rouge invisible relie ceux qui sont destinés à se rencontrer et ce, indépendamment du temps, de l'endroit ou des circonstances. Le fil peut s'étirer ou s'emmêler, mais il ne cassera jamais… » disait la légende.  Elle l’avait accepté mais elle avait également accepté le fait qu’elle avait cessé de chercher à se venger d’Athos. Dans son cœur, D’Artagnan avait pris la place de l’être dont elle souhaitait faire souffrir le plus au monde. C’était bien dommage qu’il n’en fasse plus parti. Rien ne dépassait la colère d'une mère.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





There's a shadow hangin' over me [A.] Empty
MessageSujet: Re: There's a shadow hangin' over me [A.]   There's a shadow hangin' over me [A.] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
There's a shadow hangin' over me [A.]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: VANCOUVER :: Yaletown :: The Diamond-
Sauter vers: