wellington | pull this plug, let me breathe

Bonjour. Merci d'avoir accepté de répondre à ces quelques questions pour notre magazine Cosmopolitan. Tout d'abord, présentez-vous à nos lectrices, cela permettra de mieux vous connaître!

© white rabbit

Nom : Wellington. Prénom : Anthony Darwin. Date de naissance : 7 novembre. Lieu de naissance : Niagara-On-The-Lake, Ontario, Canada. Situation/Emploi: Auteur-Compositeur-Interprète. Avatar : Colin Farrell. Pseudo : dey. Commentaires : loooooooove.

Très bien. Vous savez, j'ai tout de suite apprécié votre profil quand j'ai reçu votre candidature par mail. Vous avez ce petit quelque chose, cette fraîcheur. Vous allez plaire, soyez en sûr! Alors dites-moi, comment vivez-vous votre célibat?

Dans ma situation, le célibat est pratiquement un pré requis pour éviter des scènes d’engueulades ridicules qui ne finissent jamais et qui tournent toujours en rond avec la copine qui n’a pas pu suivre pour la durée complète de la tournée. Ça permet des moments beaucoup plus… Spontanés lorsque l’on est célibataire. Disons que plusieurs femmes aiment être amicales avec les membres d’un groupe de musique… Sauf que pour moi, c’est un peu la merde dernièrement, garder une relation. Je suis tellement à différents endroits à la fois que vouloir revenir chez moi vers quelqu’un est très loin d’être dans mes priorités. Même que c’est ce qui m’a justement coûté – disons-le franchement – ma plus longue relation à vie. Bon, oui, j’avais quelques – beaucoup – de problèmes sur lesquels je devais travailler dans le temps. C’est sûr que j’ai pris plusieurs mauvaises décisions – pour la plupart publique. Oops. – mais quand même, c’est loin d’empêcher la rencontre de nouvelles demoiselles. J’assume complètement. Aucune gêne là-dedans sinon… Ouf, j’aurais que trop de pêchés à confesser et je serais dans l’isoloir tellement longtemps que je devrais m’y établir de façon permanente. Et nécessairement, le curé aurait hâte que parte en tournée puisque je ne garantis pas une utilisation très catholique de ce dit-isoloir. M’enfin, je suis très loin d'être croyant alors... Je mettrais un peu de joie dans la vie du curé.

D'accord. Mais j'imagine que vous n'avez pas été célibataire toute votre vie! Pourriez-vous nous parler de vos dernières relations amoureuses, ou de la dernière? Je sais, cela peut paraître assez indiscret mais n'oubliez pas que nous consacrons un article sur les célibataires! Soyez donc tout à fait sincère!

Ahh. Les ex. J’en ai plusieurs, trop. Certaines que je ne pourrais pas me souvenir de leur prénom, d’autres qui étaient simplement insignifiantes. Par contre, la dernière officielle – parce que toutes les autres étaient officieuses, malgré leurs dires – remonte à plusieurs années déjà. L’amour n’a jamais été mon fort et c’est après des tas d’erreurs, des disputes, des tournées, d’écarts de conduite, des moments très flous à ma mémoire et d’autres que je préférerai mieux oublié ont eus raison de notre relation de quelques années. Également, notre vision différait de ce que nous voulions de notre couple. Elle préférait mille fois la vie qu’offrait mon style de vie et moi j’avais espéré avec la maison et les gamins qui courent partout. Mon comportement était quelque peu reprochable – j’assume. Faut croire que la drogue n’est pas bien et qu’elle est loin d’attirer les gens normaux – mais elle me largua une bonne foi, quand je suis revenu d’une tournée dans l’Ouest canadien. Mais ce n’est pas grave, je fais avec. Il faut de toute façon : elle est mariée, a un gosse et la maison. Moi, j'ai la vie VIP. On a échangé de rêve, faut croire.

Oh, comme c'est dommage que ça n'ait pas fonctionné. Mais vous savez, nous sommes de petites curieuses. Et si vous nous parliez un peu plus de vous?


« Ne l’appelle pas... Non. C’est pas une bonne idée… Darwin... Oh, mais quel con. Mais quel con. »

Malgré tout, il avait quand même composé son numéro. Le combiner contre l’oreille, son bras s’appuyant sur le boîtier du téléphone de la cabine, tête basse pratiquement appuyée contre son poignet… Il attendait. Il attendait que Nancy décroche. Ils ne s’étaient pas parlé depuis des mois. Depuis leur rupture en fait. Ça faisait un bon moment déjà. Et il s’en était passé des choses entre-temps. Pour lui, le début d’une tournée pour la promotion de son troisième album, quelques prestations dans des galas dédiés à la musique, des moments d’inconduites rendus publics et bien évidemment, de jolis tours en désintoxication dans une clinique en Californie du Nord puis sur la côte est américaine. Au moins, ses nombreuses disparitions de quelques jours dans des hôtels pour se faire des semaines à seulement consommé n’avaient pas été ébruitées. De ce côté, il était encore propre aux yeux du public. Mais du public seulement. Sa publiciste faisait des miracles pour garder sa réputation la plus saine possible : surmenage, épuisement physique, etc. Sa publiciste, Darwin ne serait pas quoi faire sans elle.


« Oui bonsoir ?
- Hey… Nancy… Eum... Je te dérange ?
- Oui. Qui c'est ? »

Darwin appuya son front contre le plastique transparent de la cabine et inspira profondément. Qu’est-ce qu’il voulait vraiment lui dire, en fait ? Qu’il s’ennuyait d’elle ? Pas vraiment. De toute façon, elle était maintenant mariée. Certes, ça ne prouvait pas vraiment grand-chose pour cette génération, mais pour lui, ça expliquait tout. Voilà pourquoi il savait que ce n’était pas une bonne idée de lui parler. Elle et lui avaient partagé tellement d’années ensemble et il ne fallut que quelques mois pour qu’elle oublie le son de sa voix. Elle devait être du genre à éteindre la radio chaque fois qu’un de ses tubes passait ou bien elle avait réussi à développer un blocage mental pour tout ce qui avait rapport avec lui. Maintenant, il se sentait tellement con de l’avoir appelé. Qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire de plus ? Elle l’avait déjà mis dans le passé, l’avait remisé aux oubliettes. Si seulement il avait raccroché avant qu’elle réponde : il se serait évité bien des ennuis. Mais non, il voulait suivre son programme. Pour une fois.


« Eum. C’est… Moi. Darwin.
- Oh. »

Le silence s’installa. De son côté, Darwin se balançait légèrement son poids de pieds à pieds et se mourrait d’aller fumer une cigarette. Il ne pouvait pas, il avait laissé tomber les clopes en même temps qu’il était entré en cure. Il était sobre de drogues, d’alcool et de nicotine. Il était complètement libre de tous ses vices et en ce moment précis, il aurait été prêt à vendre un rein si ça lui permettait d’avoir au moins sa cigarette. Il allait être capable, il avait déjà réussi à être trois mois complètement sobre. Il avait à peine quatre semaines sous la ceinture. Il devait simplement le prendre un jour à la fois, c’était ce que le conseiller disait toujours. Il pouvait bien aller se mettre ce genre de conseil bien profondément où il pensait. Mais bon, il faisait de son mieux : il suivait les étapes et aujourd’hui était le moment d’essayer de réparer les pots cassés dû à ses problèmes. Nancy y avait goûté plus que les autres. Normal qu’elle soit la première qu’il appelle directement après sa sortie. Par contre, le silence s’étirait vraiment. Beaucoup trop longtemps. Même qu’il redoutait légèrement que la voix préenregistrée lui signale qu’il allait devoir ajouter un nouveau vingt-cinq sous pour maintenir la ligne.


« Darwin, tu n’étais pas en désintox ?
- Ouais. J’aime y passer mes vacances, tu sais.
- Hum.
- Écoute, est-ce que je pourrais passer de voir ? Que quelques minutes.
- Darwin… Je… Ce n’est vraiment pas une bonne idée.
- Juste deux minutes. Je me fous s’il est là. Je sais que tu t’es marié avec lui. Je veux simplement te parler et ensuite, je te laisse tranquille.
- Deux minutes ?
- Tu sais que c’est même plus que ce que j'ai réellement besoin. »

Darwin sourit légèrement lorsqu’il senti le ton de sa voix se détendre. Parfait : elle n’était plus sur ses gardes. Un point de gagné pour lui. Elle lui expliqua qu’elle venait tout juste de déménager dans un nouveau quartier et lui dicta sa nouvelle adresse.


{ ... }

Une trentaine de minutes plus tard, un taxi déposa Darwin devant une petite maison dans un quartier banlieusard, tranquille, sans histoire et réputé de Toronto. C’était le genre de coin ou élever une famille était chose courante, voir même une obligation. À son avis, les gens qui y habitaient avaient automatiquement une ribambelle de gamins à la morve au nez qui couraient partout durant la journée. Le genre d’endroit ou il avait longtemps rêvé vivre avant que Nancy détruise son rêve d’avoir des enfants. D’ailleurs, c’était un peu étrange qu’elle résidait dans un quartier si… Si calme. Elle qui adorait la vie de jet set qu’offrait le centre-ville. Tout était à la porté de la main que se rendre partout ne prenait jamais plus de quinze minutes, que toutes les meilleures boîtes étaient pratiquement toutes sur la même rue et que dans son appartement, il était possible d’entendre la musique des nombreux festivals extérieur. Loin de cet pâté de maisons silencieux au bord d’exploser par la surpopulation des familles soi-disant heureuses. Et la voilà maintenant dans l’un de ses quartiers… Le nombre de fois ou elle s’était plaint à lui des enfants dans les restaurants ou ceux qui chialaient dans les rues et dans les wagons du métro..!

Darwin marcha le long de la petite allée, remarqua inévitablement la voiture du mari de Nancy et eut envie folle de crever les pneus. Il n’était pas venu pour se rajouter des problèmes sur les épaules : il était venu faire des amendements. Il allait être sage, il allait être gentil et patient. Il allait serrer les dents s’il le fallait mais il n’allait pas parler à cette merde qui osait s’appeler un homme. Il allait parler à elle, et s’Il se pointait… Les grandes et profondes inspirations allaient devenir de grands alliés. L’ex-junkie retint donc ses petites envies de vengeances : pas touche à la voiture. Pas tout de suite, en tout cas. Il atteignit, enfin, la porte d’entré et toqua trois fois. L’appréhension monta en lui lorsqu’il entendit des pas de l’autre côté. La porte s’ouvrit et son ex apparut.


« Hey.
- Qu’est-ce que tu veux, Darwin ?
- Hum. Bonsoir à toi aussi.
- Aller, je te l’ai dit que j’étais occupée. Qu’est-ce que tu veux ?
- Est-ce que je peux entrer au moins ?
- Non.
- Bon. »

Il soupira et se passa machinalement une main contre la mâchoire. Ça allait être plus dur que prévue. Pourquoi lui rendrait-elle la tâche plus facile de toute façon ?


« Saute directement au point, s’il te plaît. J’ai d’autres choses plus importantes à faire que te regarder chercher tes mots. Et on gèle. Dépêche.
- Je voulais juste te demander pardon.
- De ? D’avoir été une merde pendant toutes ses années ?
- Oui. Et d’avoir disparut si souvent.
- Quand j’avais besoin de toi.
- Entre autre.
- T’as fini ?
- Presque je voulais aussi… C..?
- Ah shit. »

Les pleurs d’un enfant se firent entendre dans la maison. Des pas pressés – sûrement ceux de cette merde qu’elle osait appeler mari – se précipitèrent en direction des dit-pleurs et le visage de la femme s’assombrit. Elle baissa les yeux et détourna légèrement la tête.


« Je te l'ai dit. J'ai des choses plus importantes à faire que t’écouter.
- T'as un gosse ?
- Tu peux t’en aller maintenant ?
- T'es pire qu'une salope, tu sais ?
- Fous le camp, Darwin. J'en ai marre.
- Tu te marie avec lui. Tu le baise et tu GARDES le gosse ?
- Avec lui, je suis garantie de ne pas le voir disparaitre pendant une semaine que pour s'enfiler des lignes.
- Désolé si mes lignes étaient plus amusantes que toi.
- FOUS LE CAMPS ! Et tape toi une surdose, pendant que tu y es !
- ME METS PAS AU DÉFI ! »


Nancy claqua brutalement la porte avant même qu’il n’eut le temps de finir sa phrase. Le « clic » sec du verrou de la porte se fit entendre et des mots du genre « dégage, » « je t’hais, » « sale imbécile » et d’autres termes affectifs résonnèrent dans la maison. À cran, se mourant de se prendre une ligne, le musicien rebroussa chemin vers le centre-ville. S’il était resté à la maison de son ex, les policiers auraient sûrement été appelés sur place. Le mari était sorti, armé d’une batte de baseball et s’était mis à gueuler des bêtises à Darwin qui s’éloignait rapidement. En fait, l’envie d’aller lui défoncer la tête était très forte. En fait, l’envie ne lui manquait pas, il allait simplement revenir plus tard. Là, une discussion avec son dealer était en priorité. Uh, non. Une urgence en fait. Un besoin vital ? Oh et puis… Au diable les recommandations des conseillers. Heureusement pour lui, il avait de l’argent dans ses poches. Et il connaissait aussi l’emplacement de pratiquement tous les guichets dans le centre-ville de Toronto ayant de nombreuses fois dû chercher l’un d’eux. Aussi bêtement que cela, Darwin jeta à l’eau ces trois dernières semaines passées en désintoxication. Comme il avait fait, les six dernières fois précédentes.



Et bien, en voilà quelqu'un qui a vécu. Mais il n'y a pas que le passé qui compte, l'important, c'est l'avenir. Allez-y, confiez à nos lectrices favorites comment vous vous voyez dans 10 ans.

Déjà, être vivant et en santé ça serait un bon départ. Bon, « en santé, » faut pas trop charité parce que je doute que mon système puisse tenir encore longtemps le rythme que je lui fais subir, mais qui sait ! Peut-être je pourrais être une sorte de version de Keith Richards un peu moins physiquement détruit ou un Ozzy Osbourne qui n’a pas besoin de marchette pour se déplacer de son bureau aux chiottes. En tout cas, j’espère être vivant, ou bien si je meurs, pas faire de surdose… Je connais quelques mecs à qui ça leur est arrivé et je passerais bien mon tour. De toute façon, je connais ma limite à ne pas dépasser. Mais sinon, autre mes souhaits de vivre en semi-santé, serait de peut-être avoir un gamin... Que je reconnaîtrais. Non. Je n’ai jamais eu à recevoir le genre de lettre qui dit : « tu es mon père. Tu as couché avec ____ il y a dix ans, donc voilà, je suis le résultat de ça. » Dieu merci. Sinon, j’ose croire que je serais toujours sur les routes à faire de la musique, même si je me ramasse à faire des petits bars miteux, tant que je peux toujours jouer parce que sinon je ne sais pas ce que je ferais de moi. Un escorte, peut-être, je crois avoir du potentiel là-dedans.

Ca y est, j'en ai terminé avec vous, vous pouvez souffler! Si vous voulez bien remplir ce petit questionnaire pour terminer, et je vous laisse tranquille!


1) Dans un bus, un joli garçon/une jolie fille vous fixe:


• Vous changez de place.
  
• Vous foncez pour draguer.
  
• Vous souriez timidement.
  
• Vous soutenez son regard.


2) Vous croyez que dans le monde, tout est:


• Amour (Comme Jésus)
  
• Relatif (comme Einstein)
  
• Sexe (comme Freud)
  
• Action (Comme Bond... James Bond)


3) Finir votre vie seul/e:


• Ca vous angoisse, vous y pensez d'ailleurs tous les jours.
  
• Ca ne vous fait rien, vous avez le temps de voir venir.
  
• Ca vous arrange, vous êtes très bien sans personne dans vos pattes.
  
• Ca vous paraît impossible, un jour l'amour viendra.


4) Vous rêvez souvent:


• De la personne que vous aimez.
  
• D'être entouré de dizaines de mecs/filles sublimes et nu/e/s
  
• Qu'un prince charmant vient vous enlever / Qu'une princesse attend votre aide quelque part.
  
• Que vous volez.